SAMARABALOUF :
une tournée de partage

[FRENCH WORLD MUSIC] Bijou, Père Peinard, Breughel, Merles Moqueurs, Maison Blanche, Chez Ginette, Père Peinard | jusqu’au 1er avril | samarabalouf.fr

Créé par le compositeur François Petit en Picardie il y a un quart de siècle, le groupe Samarabalouf, aujourd’hui 100% toulousain, s’offre une « Tournée des Grands Ducs » sur 3 semaines avec 13 concerts dans 12 lieux emblématiques de la ville rose. Des performances uniques puisque le groupe invite un·e artiste différent·e de la scène musicale toulousaine chaque soir avec un morceau composé spécialement pour lui/elle. Rencontre !

| Propos recueillis par Carole Lafontan

Pourquoi une « Tournée des Grands Ducs » itinérante dans la ville rose ? Pour fêter vos 25 ans ?

Ce n’est pas tant l’anniversaire qui nous a donné l’envie de faire cette tournée mais plutôt l’envie de faire les choses autrement que les tournées traditionnelles, à savoir des kilomètres pour chaque concert, avec la routine : balance, attente, le show, un peu de papote avec le public puis retour à l’hôtel et rebelote… Là, je voulais de la proximité, aller plus loin qu’une rencontre d’un soir. Dans cette aventure, chaque concert sera vraiment unique, il va y avoir du partage, de l’improbable, des mélanges, des petites prises de risque, aussi. Des surprises, il y en aura tous les soirs, c’est du spectacle vivant, tout est possible ! 

Quand j’habitais dans le nord de la France, Toulouse me faisait rêver par son dynamisme artistique. Ça va bientôt faire 20 ans que j’habite ici et Toulouse reste un incroyable vivier d’artistes. Ma volonté est d’en rencontrer un maximum, dans tous domaines, styles et générations confondus.

Comment avez-vous choisi les invité.es ?

Le choix s’est fait sur plusieurs niveaux, l’affinité artistique et humaine en premier, le calendrier de chacun et puis l’envie de dépasser nos frontières. Il y aura le rappeur L’Iddé, quelqu’un d’assez éloigné de mon univers mais que suis allé écouter et qui m’a épaté par la précision et la qualité de ses textes ; la mezzo soprano Caroline Champy qui nous a fait migrer vers d’autres horizons plus pop et musiques du monde ; Gwendoline Horcholle avec son violon irlandais, une musicienne talentueuse et originale que j’ai connue toute bébé quand j’accompagnais son père sur Amiens ; Félix Jordan, the guitar hero par excellence avec son groupe Sabotage, pour une sorte de battle entre guitare sèche et guitare saturée ; Ferdinand Doumerc, le saxophoniste fou de Pulcinella avec qui nous avons partagé quelques scènes, Antoine Blut et ses percussions atomiques, impressionnant avec son groupe Izoï… Et d’autres invités qui vont s’ajouter à la liste.

Lesquels vous sont proches ? 

Serge Lopez,évidemment. Nous avons passé des années à nous croiser sur les routes. Nous jouons en duo depuis quasiment une dizaine d’années. C’est rare de rencontrer un artiste aussi talentueux et aussi simple, ouvert et d’une gentillesse à toutes épreuves. C’est lui qui m’a présenté Bernardo Sandoval, dont j’ai toujours adoré l’univers et la sensibilité.

Il y a également Rita Macedo que j’ai vraiment rencontrée l’été dernier. J’avais en charge la prog d’un petit festival en Savoie et je l’avais invitée. C’est à cette occasion que j’ai vraiment découvert sa personnalité. Une bombe sur scène d’une douceur et d’une gentillesse incroyable dans la vie.

Et aussi, Ange B, que j’avais invité pour le cd Bababa, nous avons pas mal tourné ensemble. Je ne sais pas encore ce qu’on va faire, il m’a juste dit qu’il préparait un texte spécialement pour la tournée. Confiance absolue !

Quel plaisir de se plonger dans l’univers de chaque artiste et d’essayer de trouver une passerelle qui puisse nous réunir avant de partager.

Tous les styles et toutes les générations sont convoqués. Pour sortir des étiquettes toutes faites ? Touver un nouvel élan ?

Les deux ! C’est vrai que l’étiquette « jazz manouche » nous colle à la peau depuis le début, je laisse à chacun le choix de nous définir comme bon lui semble. Pour moi, la bonne formule serait de la « french world music ». Mais ce style ne rentre pas dans les cases des disquaires ou des plateformes de musique aujourd’hui. Nous, les artistes, devons avant tout être des chercheurs, étonner, surprendre pour que nos propositions soient un tapis où toutes les émotions puissent se glisser afin de nous faire rire, pleurer, rêver… Quant à l’élan créatif, c’est indéniable ! Quel plaisir de se plonger dans l’univers de chaque artiste et d’essayer de trouver une passerelle qui puisse nous réunir avant de partager.

À la fin des concerts, vous allez inviter tou.te.s les musicien·ne·s en herbe à jouer votre titre « C’est la vie » avec vous, sur scène. Partage un jour, partage toujours ?

C’est un morceau que j’ai composé il y a 20 ans, lors d’une tournée au Mexique. Nous le jouions avec Mono Blanco, le groupe de Son Jarocho. Nous terminions les concerts tous ensemble avec ce titre qui a d’ailleurs fait le tour du monde car Mono Blanco l’a inclus dans son répertoire pendant des années. La mélodie est très simple à jouer, même à chanter. Ça risque d’être drôle. Tout le monde peut venir, avec son instrument, son niveau, son style. Ça va être roots et ça promet de bons moments d’échange, de partage et de rigolade, aussi.

Que voulez-vous dire au public qui vous suit depuis vos débuts ?

Que dire d’autre que MERCI. Aujourd’hui, des jeunes de 10 à 30 ans viennent régulièrement me voir pour me dire qu’ils nous écoutent depuis leur enfance, grâce à leurs parents. La première fois, ça fait un petit choc, mais en vrai, c’est vraiment chouette, ça laisse entendre que notre musique a quelque chose d’intemporel.

Et à celui qui vous découvre ?

Merci aussi. Merci d’avoir pris le risque de sortir de chez lui, de venir découvrir une musique qu’il ne connaît pas. D’être curieux, d’aller à des concerts, d’aller voir du spectacle vivant. En fait, c’est ça le plus important, retrouver une place pour la découverte, l’imprévu, les rencontres, le partage… sinon, quel intérêt ?