CLUTCH EN CONCERT :
show bouillant

C’était inévitable : pour bien terminer l’année, Clutch ne pouvait manquer le concert de Clutch, groupe de stoner-metal américain au Bikini. Debriefing express sous haute tension en compagnie du duo Matt & Jesse

Texte : Mathieu Laforgue – Photo : not Jesse Overman

Une fois n’est pas coutume, commençons cette chronique par la fin de soirée. Non pas que nos deux valeureux envoyés (très) spéciaux se soient fait remarqués en se jetant dans la piscine du Bikini, mais parce que le débat ultime sous les palmiers valait son pesant de cacahuètes.

A ma droite Jesse, mon photomaton ambulant hélas privé d’appareil photo pour ce concert (l’organisation a dû avoir des échos de son comportement douteux au concert de The Cure).
A ma gauche, Sabrina, pote de soirée de mon acolyte, et pas vraiment du même avis que celui-ci.
Au milieu, moi-même, qui est un peu d’accord avec les deux. Je suis donc Suisse, mais côté punchy à la Wawrinka, pas Rolex à la Federer.

Le débat : « Alors c’était comment ce tant attendu concert de Clutch ?« 
En un mot chacun : « Amazing » pour le vieil homme ; « Boring » pour la jeune dame, ça tranche dans le vif.

Spoiler. Le concert a été une boucherie ! Dans le bon sens du terme, Clutch a rapidement appuyé sur l’embrayage (kamoulox), et distillé sa science en pleine face d’un auditoire bouillant. « Mais », parce qu’il y a un « mais », on pourra toutefois reprocher à la bande de Neil Fallon son… ultra professionnalisme.

« Le pogo n’est pas mort, et le public toulousain s’est fait une joie de le remettre au centre des débats »

Oui, ça peut paraître paradoxal. Mais c’est pourtant une véritable question : doit-on aujourd’hui se contenter d’un récital, même d’extrême qualité, au dépend de toute originalité scénique ?
Vous avez deux heures de live pour y réfléchir.

ARTILLERIE LOURDE

C’est bon ?
Pour ma part, non. Même si j’en ai pris plein les mirettes, je suis déçu, à l’arrivée, du peu d’échanges offert par le groupe hors morceaux. A l’exception d’une parenthèse « Lolipop », rappel d’un passage en 1993 à l’ancien Bikini avec Biohazard (on imagine bien la soirée de poètes disparus), Clutch a déroulé un set millimétré, sans aucune fioriture. Le syndrome « Pixies » comme j’aime l’appeler. Bien évidemment, la soirée a été bonne et le show ahurissant, en témoignent les yeux de Jesse devant le mythique « Electric worry », comparable à ceux d’une ado de 15 ans devant un live des Jonas Brothers. D’ailleurs, Jesse aussi aime les Jonas Brothers.

Perché sur la mezzanine, je réalise aussi que je n’ai plus 20 piges, alors que j’assiste à un moment fort en émotion. Le big moment du soir : à deux mètres de là s’organise un des plus beaux pogos vus depuis l’ouverture du nouveau monde. Oui, en 2022, la Covid est toujours là, mais le pogo n’est pas mort, et le public toulousain s’est fait une joie de le remettre au centre des débats, certains participants ayant même pour l’occasion légué leur corps à la science.

Un contraste total avec mes voisins de concert à usage unique, appuyés sur la barrière, en train de filmer en live. En gros, tu as la meilleure place pour profiter du concert et tu filmes, coupant encore un peu plus la vue du mec juste derrière. Moi, donc.

Bref, de « Slaughter beach » à « Soapmakers », en passant par « X-Rays » ou « Barbarella », Clutch a régalé ses aficionados, et laissé sur leur faim les aventuriers, désireux de ces rares moments que seul le live peut nous procurer, bien loin des versions albums.

Finissons tout de même par un vœux pour 2023 : interdire les sympathisants du smartphone et autre sac à dos dans les concerts.

Pour tous les autres, de bonnes fêtes et à l’année prochaine bande de sauvages !