[CLUTCHFOLIO]
JEREMY PAILLOTIN :
itinéraire d’un concept artist

Concept art | jeremy.paillotin

Etape entre le storyboard et la prévisualisation, le concept art consiste à traduire des idées en images, en amont d’une création digitale. Un métier de l’ombre des industries du cinéma et du jeu vidéo, dont le Toulousain Jeremy Paillotin nous dévoile quelques secrets de fabrication. Making of d’un concept artist spécialisé dans la création des décors et paysages. Un vrai conte d’effets (spéciaux).

| Baptiste Ostré

Et soudain, il est à Londres, en train dessiner une scène pour Blade Runner 2049, suite du monument cyberpunk de Ridley Scott. Référence britannique de production d’effets visuels pour le cinéma et le jeu vidéo, la société Framestore vient de l’embaucher après un entretien surprise. « J’ai 22 ans, je vis toujours chez mon père à Toulouse, et d’un coup j’ai l’impression d’être moi-même catapulté dans un film ! » sourit Jeremy Paillotin.

Son expérience de concept artist se résume alors à quelques petits jeux vidéo indépendants. Il a découvert ce travail de l’ombre peu après avoir quitté le lycée, à 16 ans. « C’était le métier que je voulais faire sans savoir que ça existait ! » formule-t-il. « Le travail de l’imagination, la sf et la fantasy, raconter un univers en dessin, c’est ce qui m’attirait ». S’il œuvre alors sur des licences excitantes (type Marvel) et d’autres moins (des parcs d’attraction), il se lasse du rôle d’exécutant. Depuis quatre ans, il s’est réinstallé à Toulouse en freelance, majoritairement dans le jeu vidéo. « Les gens m’appellent directement parce qu’ils aiment mon style. Créativement, je m’épanouis beaucoup plus ».

Spécialisé dans la conception des environnements, Jeremy Paillotin avoue une préférence pour l’illustration digitale plus que pour la 3D. « C’est ce qui est le plus proche du crayon, d’un pinceau sur une toile. C’est vraiment ce que j’essaie d’atteindre, ce côté analogique ». Outre les concept artists de légende tels que Syd Mead (responsable du design de Blade Runner) ou Ralph McQuarrie (sans qui Star Wars ne serait pas Star Wars), il cite ainsi des peintres classiques tels que Monet dans ses influences.

Mais c’est la nature elle-même sa plus grande source de créativité. « À vivre dans la grisaille londonienne, ça devenait dur de trouver l’inspiration ! Là, je suis à la montagne presque chaque week-end. Plus que la pop culture, ce qui me nourrit ce sont les voyages et la nature ». Ou comment rester dans l’ombre… au grand air.

CLUTCHFOLIO : janvier 2023 (Clutch#104) !