Le festival commence avec Surma, artiste portugaise au look mi-gothique, mi-punk. Sa musique est un curieux mélange de rock-indé, d’electro et de noise qui m’a parfois dérouté. Mais c’était aussi une parfaite synthèse des genres constituant la programmation de cette édition.

On enchaine avec un genre musical que j’adore et qui aurait surement disparu sans les plateformes de streaming : du shoegaze avec Momma, groupe US. Voir cette musique revisitée et jouée par un groupe aussi jeune et essentiellement féminin m’a fait un bien fou. Comme quoi, des instruments, des amplis, des micros; faut pas plus pour produire un excellent concert et ce rappel faisait du bien.

Momma © Hugo Lima | www.hugolima.com | www.instagram.com/hugolimaphoto

L’ambiance retombe un peu avec Dehd qui m’a semblé perdu et étouffé par la pression sur la scène principale du festival. Cela se comprend vu les poids lourds qui vont leur succéder. Le groupe suivant est Glass Beams, trio australien dont le leader est d’origine indienne. Leur particularité est d’apparaitre masqué avec sur scène, des perles de verre (d’où le nom du groupe). Ils produisent une musique psychédélique avec des influences orientales qui est un véritable trip. Une merveilleuse surprise.

Au fur et à mesure de la journée, aucun doute n’est permis : la majorité des personnes est là pour Charlie XCX au vu des look queers. Crop tops, bas, lingerie visible, T-shirts flashy à son effigie, et à ce jeu là ce sont les moustachu(e)s qui ont les tenues plus recherchées. C’est donc devant cette foule inhabituelle que se retrouve le groupe de post-punk irlandais Fontaines D.C. Le public a été rapidement conquis, ce qui prouve l’ouverture d’esprit du public queer (mais qui en douterait).

Je me précipite pour écouter celle que j’ai connu initialement comme Anthony : Anonhi and the Johnsons. Dès les premiers instants, je suis conquis par sa voix est qui d’une pureté, d’une délicatesse rare.  Le show est entrecoupé d’interviews alertant sur le réchauffement climatique et la destruction de la barrière de corail. Les musiciens qui l’accompagnent, dont violons, violoncelle, saxo sont d’une précision  et d’une finesse rarement vue. Le public portugais ne s’y est pas trompé : un silence total pendant les morceaux : on se serait cru à un concert classique.  

Encore sur l’émotion, je pars voir LA tête d’affiche de festival  : Charli XCX. Grande surprise, elle est seule sur scène avec comme lumières, une Led en haut et de chaque côté et c’est tout. Mais c’est une véritable tornade et sa présence et son énergie suffit pour faire le show. Elle est sans arrêt suivie par un caméraman et joue énormément avec lui en dansant, twerkant, se roulant par terre, se promenant sur le catwalk. On sent que c’est destiné à la nouvelle génération vu l’importance de l’image et la choré tiktok que tout le monde reprend. Oui, il y a peu de place pour l’impro, ses shows sont du copier/coller mais ca fonctionne de folie !!!!

Jour 2

Le deuxième jour commence avec Waxahatchee avec un son très folk et country : des banjos, de la slide guitar, guitare sèche. C’est de la musique plutôt joyeuse et légère l’idéal pour commencer cette journée.

Le style du deuxième groupe, TV on The radio, est à l’opposé : une musique expérimentale avec plusieurs nappes mélodiques, un son très lourd. Mais aussi parfois difficile à suivre et un peu hermétique. Leur set alterne morceaux calmes et plus rapides au grand plaisir du public qui se lance dans des moshpit.

Michael Kiwanuka prend la suite avec beaucoup de personnes sur scènes : un chœur de femmes, des cordes, des percus … Sa voix est douce, calme, apaisante, enveloppante: l’influence de Curtis Mayfield est évidente. Tout le monde est habillé en blanc et avec cette musique purement soul, on se plait à croire qu’on a remonté le temps pour les années 70s. Le concert se clôture par un délicieux « Cold Little Heart ».

Je n’ai pas accroché avec Beach House, groupe de dream pop et leur musique très (trop) bizarre. C’était peut être du au fait qu’ils étaient éclairés à contre jour et qu’on a jamais vu leur visage. En revanche, je n’ai pas été du tout déçu par Central CEE, seul sur scène, accompagné par des mixtapes. Un flow incroyable avec uniquement sa voix et pas d’autotune, des ruptures de rythmes, une diction impeccable, beaucoup de communication avec le public.

Central CEE © Hugo Lima | www.hugolima.com | www.instagram.com/hugolimaphoto

Deftones, groupe de légende, fondateur du Nu metal, conclut la journée. A ma grande surprise, présence de beaucoup de jeunes et parfois même plusieurs générations arborant des T-shirts à leur effigie. Ils annoncent la couleur dès les premières secondes de ‘Be quiet and Drive’ : un son lourd, brutal, agressif, abrasif même, des jeux de lumière violents qui envoient des flash dans le public. Leur performance live est excellente et le chanteur Chino Moreno qui court partout assure (contrairement aux rumeurs Internet).

Jour 3

J’attaque cette journée de Samedi avec plein d’interrogations car il n’y aucun groupe que je connais vraiment. Horsegirl, trio féminin influencé par Kim Gordon et Kim Deal ouvre la journée avec un set plutôt mou. Je ne sais pas si c’est une mauvaise journée ou un manque d’expérience en concert (la plus âgée a 22 ans) mais le concert n’a jamais décollé.

Justement Kim Deal herself, bassiste de légende des Pixies et des Breeders, se produit sur la scène principale. Et la aussi, ca manque d’énergie : ses derniers morceaux sont plus calmes, trop calme même à l’image de son dernier album. Le concert décolle uniquement à la toute fin lorsqu’elle reprend ses anciens morceaux comme Cannonball ou Gigantic. 

Décidemment, cette journée a du mal à démarrer. C’est heureusement chose faite grâce aux Parcels groupe australien. Ce concert a été une oasis dans le festival : de la feel good music, au soleil couchant, les pieds dans l’herbe et un verre de cocktail à la main (et pas l’inverse). Bien qu’ils soient basés à Berlin, leur son est très californien, style été à la plage avec une petite brise. Tout le public avait le sourire, dansait sur place, on sentait des vagues de bonheur traverser la foule.

On embraye sur Wet Leg groupe indie faisant la part belles aux guitares, mené par sa chanteuse et guitariste Rhian Teasdale. Bikini brillant porté à l’envers, short baggy et gros baskets; son attitude naturelle et un peu je-m-en-foutiste m’a beaucoup plu. Elle a bien joué avec le public en faisant régulièrement des incursions sur le catwalk.

Sur les conseils d’un ami portugais tenant une boutique de vinyles, je vais voir Squid. J’ai pris une claque musicale monumentale lors de ce concert.  Le public était complétement en feu : du slam, du crowdsurfing, un moshpit permanent.   Leur musique allie un côté très sophistiqué et une énergie brute. J’ai très rarement entendu une musique aussi riche avec un côté physique et animal.

Squid © Hugo Lima | www.hugolima.com | www.instagram.com/hugolimaphoto

La nuit continue avec Cap’n Jazz groupe emo/hardcore américain avec un son lourd mais des rythmes lents. Au début, j’ai été dérangé : le chanteur chante très faux, la musique est loin d être clean car pas mal improvisée. Mais le titre Tokyo déclamé en musique par le chanteur a fait basculer la donne. Après tout la musique n’a pas besoin d’être parfaite et j’ai ressenti ce concert comme une plainte, un cri. Et je confesse avoir eu un plaisir coupable avec leur reprise de Take on Me.

Ces trois jours se concluent par Turnstile, groupe américain, mélange de punk-rock et rap avec parfois des nappes de synthé. Leur concert avec le chanteur qui courait partout m’a complétement rappelé Rage Against The Machine et Zach de la Rocha. Le public déjà conquis d’avance lui a fait un très bel accueil et je ne me suis pas ennuyé une seule seconde pendant les deux heures de son set. Bonne idée que de conclure un festival par une journée supplémentaire consacrée à l’electro.