[ZONE LIBRE]
La Biennale,
parties communes
Avec sa troisième édition, la Biennale internationale des arts vivants s’installe dans le paysage culturel toulousain, ce qui ne l’empêche pas d’évoluer. Petit tour d’un vaste horizon.
| Valérie Lassus
[TEMPS FORTS] 25 lieux à Toulouse et des les environs | du 27 sept. au 12 oct. | https://labiennale-toulouse.com
150 artistes de 10 nationalités différentes dont les spectacles sont portés par une quarantaine de structures ; 25 lieux partenaires ; des journées professionnelles, des rencontres, des soirées festives, le tout sur 15 jours, n’en jetez plus ! C’est d’abord le côté foisonnant de cette énorme rentrée culturelle qui est mis en avant, et pour cause. Mais c’est aussi « l’édition de la maturité », dixit les organisateurs. Celle où l’on y voit plus clair sur le chemin parcouru et les projets à venir. Le ThéâtredelaCité, à l’origine du festival, avait suggéré en 2018 que les structures culturelles de la métropole toulousaine pouvaient mettre en commun leurs moyens et se retrouver sur des envies communes exigeantes mais s’adressant à un public très large. Si d’emblée le TC a été suivi, la première édition a beaucoup eu à faire pour mettre en place les liens entre les différents lieux, organiser, pallier aux imprévus. La deuxième édition essuyait le traumatisme d’un Covid difficile à passer pour la profession, tout en mettant en place une coopération (parfois à 3 structures) à la création. Démonstration ? Sans la mise en commun des budgets, Anne Teresa De Keersmaeker, célèbre chorégraphe belge, ne viendrait pas cette année présenter Exit Above.
SURPRISES PARTOUT
Cette troisième Biennale voit aussi l’arrivée de nouvelles collaborations, comme par exemple le festival Signô (voir p. 32 du Clutch de septembre). On y voit aussi plus clair cette année avec des thèmes plus marqués : un éclairage sur la création contemporaine lituanienne, à la faveur de l’année de la Lituanie en France ; le suivi d’artistes fidèles ; l’appel à construire, avec les publics, une œuvre commune ; la volonté de donner des rendez-vous festifs élargis ; la cooptation de six porte-paroles de structures participantes afin de donner une identité à une organisation très horizontale, sans « directeur » ou équivalent. En ce qui concerne les artistes suivis, on retrouvera Stefan Kaegi de Rimini Protokoll pour la 3e fois, avec Nachlass – Pièces sans personnes. Arno Schuitemaker revient avec 30 appearances out of darkness et The End – part 2, « expérience visuelle et performance club hypnotique. » La chorégraphe suisse Nicole Seiler est également de retour avec Human in the loop, un duo en collaboration avec une IA. Enfin, Nick Steur, qui avait conquis le public avec Freeze, ces pierres en équilibre presque magique créé ici Care to Carry : « une déambulation méditative collective, avec une pierre sur la tête »… Oui, on peut parler de « formes atypiques » ou d’avant-gardisme, mais il est tout à fait possible d’être séduit par ce côté expérimental. Et le côté pochette surprise de la programmation n’empêche en rien que la Biennale ait donné une visibilité et une ampleur peu commune à la rentrée des arts vivants en pays toulousain.