[ZONE LIBRE]
Festival Ici&là,
« Les danseurs
sont des oracles » !

Si la programmation du festival édition 2025 est encore celle de Corinne Gaillard, qui a depuis laissé la place à Rostan Chentouf, celui-ci témoigne de liens préexistants forts avec le CDCN. Il évoque pour Clutch une affiche à l’image de La Place de la Danse : ouverte.

| Valérie Lassus

[DANSE] Différents lieux à Toulouse et dans les environs | du 28 jan. au 13 fév. | laplacedeladanse.com

Je vais boucler une boucle puisque je suis arrivé l’an dernier au moment du festival Ici&Là ! Cette saison est donc encore celle concoctée par Corinne Gaillard, mais La Place de la Danse ne m’est pas inconnue, car nous avions créé des relations entre Montpellier danse, le CDCN de Toulouse et la Maison danse, CDCN à Uzès. Avant La Place de la Danse, je m’occupais de Danses en territoires, du réseau Danse en Occitanie, plus des programmations de certains spectacles et résidences avec Corinne. Une des missions des CDCN étant d’étendre et répartir les propositions de manière équilibrée sur la région et d’être attentif à ce qui est au plus proche comme à se qui vient de l’international.


POUR LA BEAUTÉ DU GESTE

En ce qui concerne le festival, Corinne a voulu inviter des compagnies d’horizon, de maturité et de notoriété diverses et aussi mettre en évidence la perméabilité de la danse vers d’autres pratiques : la musique, les arts visuels et numériques, la performance. C’est très ouvert. » En témoigne la venue de Gisèle Vienne avec Extra life, qui mélange théâtre, danse et arts plastiques. Ou encore en osant le folklore, comme Nina Laisné qui monte Como una baguala oscura avec la pianiste Hilda Herrera et le danseur virtuose Néstor « Pola » Pastorive. De même Bate Fado de Jonas&Lander revient sur le fado portugais. « La danse contemporaine capte le monde, s’en fait l’écho, invente, définit les gestes d’aujourd’hui. C’est une caisse de résonance de ce qui agite le monde », rappelle Rostan Chentouf. Ainsi, Ismaël Kanouté dans son Never Twenty One raconte les jeunes victimes des armes à feu. Il utilise un langage qui colle au propos, en mélangeant à la danse contemporaine du krump, du popping et autres rythmes funks.


La danse contemporaine capte le monde, s’en fait l’écho, invente, définit les gestes d’aujourd’hui

LA BEAUTÉ DU GESTE

« Enfin, voici deux exemples de ce que nous aimons faire aussi, à savoir suivre des artistes passés par Extensions, notre dispositif de formation. Hélène Iratchet, artiste associée cette année à LPDLD en est une. Nous lui avons demandé de faire l’ouverture du festival avec une de ses premières créations, Jack in the Box. Il se trouve qu’elle a suivi la formation Extensions au début de sa carrière et a souhaité reprendre et finir cette chorégraphie avec les élèves. Autre ancienne d’Extensions, Émilie Labédan va présenter Mr. Splitfoot, un solo qui aborde le « spiritisme chorégraphique »… Pour moi, les artistes sont en quelque sorte des passeurs, ils reformulent le monde, posent des questions, jouent le rôle d’oracles. Je suis à l’écoute des gestes expérimentaux, sans faire table rase du répertoire contemporain et de l’histoire de cette danse mais en reformulant, en osant aussi se jeter dans l’inconnu, pour la beauté du geste et malgré les risques de se planter ! ».