MASSILIA SOUND SYSTEM, Aïoli 4.0
À défaut d’un dimanche aux Goudes, c’est un vendredi soir (le 27 septembre dernier) au Vieux Port du Bikini qu’on a soufflé les 40 bougies de Massilia. Retour sur une soirée aïolisée à souhait, que l’on pourra résumer à un savant mélange d’émotions et franche camaraderie, le tout bien évidemment sur fond de reggae marseillais.
| Mathieu Laforgue
Flashback. Dimanche 20 mai 1984, j’ai 3 ans, et Massilia pose pour la première fois son Sound System
sur la voie publique marseillaise. Une première mémorable, puisque les Cigales finiront dans un
panier à salade, arrêtées pour tapage.
Vendredi 27 septembre 2024, 17 albums et une quantité astronomiques de lives aux quatre coins du
monde plus tard, et c’est chez un autre quarantenaire (Le Bikini), que Gari, Papet J, Tatou et leurs acolytes sont venus fêter leur anniversaire, un honneur non dissimulé pour les maîtres du lieu.
En guise d’hommage, ce soir le Bikini est pour le coup plein comme une boîte de sardines. Fil rouge
de la soirée, les discussions d’anciens combattants et la question qui va avec : « C’était quand ton
dernier concert de Massilia ? ». Franchement j’ai entendu de tout, de mon vieux pote ariégeois qui se
souvient tant bien que mal d’un concert à Saint-Girons sur la tournée Aïollywood, à Julien, dealer de
sons chez Mathpromo et fine plume d’Opus, présent parmi les 35 000 Fadas du Vieux Port pour la
date d’ouverture de la tournée anniversaire.
Si chaque concert avec les Marseillais remémore à tout un chacun nombre d’anecdotes loufoques, la
première partie proposée reste dans cette catégorie. En mode « Ricard-Théâtre », ce n’est ni l’heure
ni le lieu pour boire du café, Chichi et Banane nous régalent de leur Littérature de Ficelle. Pétanque,
commères, rascasses, anis, cagole, pieuvre, le duo à la verve méridionale régale de ses comptines
relatées au banjo.
L’ambiance est joviale, il est temps de lâcher les Fauves. Aucune surprise, Oaï total, ça parle Patois, le
Commando Fada est parmi nous, la fête est totale, une fête bien entendu interdite aux Conos. Entre
galégades, roumégailles et mauvaise fois sudiste, les trois MC’s n’en oublient pas pour autant de
remettre le Vélodrome au centre de la Cité phocéenne. Engagés sur de nombreux fronts, « Libérez
Paul Watson », le sextet n’a toujours pas la langue dans sa poche, et ça fait tellement de bien dans
une époque de plus en plus aseptisée.
Les morceaux s’enchainent, on navigue entre une piscine géante bien bleue, le Marché du soleil et les
Goudes, avant une session « sound system » comme à la belle époque, et là, y’a pas d’arrangement.
Final classique, on fait le Oaï, suivi d’une grande et belle farandole, on balance un big up à la weed
ariégeoise, et les bougies sont fièrement soufflés et le gâteau dégusté.
Sur la terrasse, toutes les Sardines que nous sommes sont sorties de la boîte, on croise deux trois
individus bien frit confits, cadeau t’as la version anniversaire juste en dessous, et on se donne
rendez-vous dans dix ans, toutes les bonnes choses ont une fin, mais certainement pas celle-ci !