THÉÂTRE LE HANGAR : la dernière danse
Un théâtre détruit dans le cadre du réaménagement du quartier de la gare. C’est le sort réservé au théâtre Le Hangar, dont la démolition est prévue est prévue début 2025. Mais l’institution culturelle est loin d’avoir dit son dernier mot.
| Enzo Chatel
« Que vive le théâtre Le Hangar », proclame la pétition lancée il y a quelques semaines pour soutenir cette scène emblématique. Dans le cadre du projet de création du nouveau quartier « Grand Matabiau Quai d’Oc » porté par la mairie, le Hangar est en effet condamné à la destruction. Créé en 2000 et situé juste derrière la gare Matabiau, ce théâtre est un lieu historique de la culture toulousaine. Or, à moins d’un an de la démolition prévue en janvier 2025, il n’y a toujours pas eu de proposition de relogement concrète.
Didier Roux, co-fondateur et coordinateur du théâtre explique : « On a entendu parler du projet fin 2018. Evidemment, il y a eu plusieurs réunions avec la mairie pour en discuter, mais rien n’est sorti de ces rendez-vous. Le temps a coulé et on s’approche dangereusement de la date butoir. On est vraiment dans une situation d’urgence complète. Il n’y a pas eu de vrai travail de recherche pour le relogement jusqu’à il y a 6 mois. Là, c’est devenu un peu plus sérieux. »
Création d’un collectif de soutien
Depuis fin 2023, un collectif de soutien a été créé. Une initiative portée par le personnel du Hangar, des anciens élèves, des partenaires ou des simples spectateurs pour tenter de sortir de l’impasse. « Là, on est entré dans une phase de lutte », poursuit Didier Roux. Le collectif a mis en place une pétition qui comptabilise déjà plus de 3 200 signatures. « L’objectif est d’attirer l’attention sur le problème. Ce qui nous aide beaucoup aussi, c’est la couverture médiatique. Je trouve que la mairie se laisse un peu aller, il n’y a pas de vrai choix politique. Pour l’instant, je me sens un peu impuissant, ce n’est pas mon boulot tout ça, je suis metteur en scène. »
Une chose est sûre, si nous n’avons pas de nouveau lieu, nous ne partirons pas d’ici.
Les efforts commencent à porter leurs fruits. « Ça a fait un peu bouger les choses. Depuis fin janvier, nous avons reçu deux propositions de relogement de la part de la mairie. Mais rien de concret pour l’instant. La première demande des travaux pharaoniques à plusieurs centaines de milliers d’euros et la seconde, nous ne pouvons pas la visiter pour l’instant donc il est difficile de se projeter. Une chose est sûre, si nous n’avons pas de nouveau lieu, nous ne partirons pas d’ici. » Si le bâtiment semble bel et bien voué à la destruction, le Hangar, lui, compte bien perdurer. « N’hésitez pas à soutenir la pétition, ça a son effet, et contactez nous si vous avez un local de 500m2 », précise Didier Roux.
Dernières représentations
Jusqu’à la démolition, le Hangar va continuer d’accueillir des compagnies et de donner des formations. Pour ce qui est des représentations, plusieurs dates ont été annoncées. Du jeudi 14 mars au samedi 16 mars, le théâtre accueille le festival Les Bruissonnantes. Organisé dans le cadre du Printemps des Poètes, il se déroulera cette année autour du thème de la grâce. Le but : faire de la poésie contemporaine la plus exigeante une expérience sensible à partager.
Le dernier accueil du public se fera les 18, 19 et 20 avril. Philippe Durand jouera un solo écrit par lui-même. Après deux ans de reprogrammation, il va enfin pouvoir jouer sa pièce 1336 (parole de fralibs). Philippe Durand y raconte des années de lutte menées par les ouvriers de l’usine Fralib contre sa fermeture. Après 4 ans de combats, ils parviendront à sauver leurs emplois. Un heureux hasard qui colle parfaitement avec l’actualité du théâtre.
Plus d’information sur le site internet du théâtre : https://www.lehangar.org/
