[CLUTCHFOLIO]
François Delaroziere :
la marche des machines
Halle de la Machine – Ecurie de Machines, Vivante & Ludique | halledelamachine.fr
Du dragon de Calais au Minotaure de Toulouse en passant par l’éléphant de Nantes, les créatures monumentales de la compagnie La Machine fascinent par leur démesure et leur ampleur. Pourtant, tout commence sur une simple feuille de papier. Des dessins témoignant des mécanismes de recherche de leur concepteur.
| Baptiste Ostré
Des croquis et des esquisses, des projets aboutis, d’autres ayant pris un chemin différent. Quelque 1500 dessins de machines géantes et autres créatures animatroniques seraient dans les archives de François Delarozière, directeur artistique de la compagnie La Machine.
Aujourd’hui âgé de 63 ans, il a élaboré sa première mécanique, une machine à peindre, lors de ses études aux Beaux-Arts de Marseille. « J’aimais dessiner et peindre, mais on y apprenait surtout la performance vidéo, dans laquelle j’intégrais déjà l’idée du mouvement d’objet ». Passant son temps à l’extérieur, cherchant ses idées dans l’espace public, plus que dans les salles de cours, il dessine déjà par nécessité de construire des objets ou des machines pour des compagnies de spectacles vivant. Des croquis techniques, incluant des indications de taille ou de matériaux. « Le préalable c’est le poids, la hauteur par rapport à une ville, l’amplitude du mouvement » précise ce metteur en scène et scénographe.
Le mouvement est l’expression de la vie. Se mettre en mouvement, c’est finalement rester vivant…
Ses illustrations ne se limitent toutefois pas à une fonction de plan, façon manuel de fabrication. « Le dessin c’est la fondation de l’histoire. A partir d’idées et d’intuitions, je vais ensuite chercher les détails, je me documente pour construire mes éléments ». Que le dessin soit ensuite respecté à la lettre ne l’intéresse pas. Au contraire : l’étape de la conception va apporter son lot d’évolutions et de changements de direction. « Cela reste un point de départ. Un sculpteur va apporter des choses auxquelles je n’ai pas pensé par exemple. Nous ne sommes pas dans une application de règles comme dans l’industrie. Ce qu’on essaie de faire, c’est sculpter la nature ».
Alliage de bois et d’acier, basées sur des organismes vivants ou mythologiques, les machines de François Delarozière intègrent toujours une esthétique liée à la matière naturelle. Leur concepteur ne les décrit ainsi jamais comme des robots ou des marionnettes. Mais comme des biologies mécaniques. Car si les dessins resteront, eux, à leur état initial, figés sur leurs planches, François Delaroziere vise toujours le mouvement : « le but, c’est de créer une machine vivante » !
CLUTCHFOLIO : novembre 2022 (Clutch#102) !