[CLUTCHFOLIO] Morgann Tanco :
L’appel du dessin
[EXPO BD] The Social Hub | jusqu’au 2 avr. | morganntanco
En tant que dessinateur de bd, il suit les traces des grands maîtres de l’humour. Un trait généreux, expressif à souhait, volontairement surjoué et protéiforme qui lui vaut la reconnaissance de ses pairs et un catalogue de parutions déjà prestigieux. En tant qu’auteur et réalisateur, il s’épanouit à travers d’autres supports (court-métrages, clips…) dans des projets plus personnels et plus torturés. Et si Morgann Tanco était un clown triste de l’art ?
| Nicolas Mathé
Poser la question « comment devient-on dessinateur ? », c’est souvent s’exposer à une réponse dont l’évidence sonne comme un petit crochet du droit. « Ben, il suffit de ne pas s’arrêter ». Et oui, on ne devient pas vraiment dessinateur. Comme pas mal de ses congénères, Morgann Tanco fait partie de ces gamins qui n’ont jamais lâché le crayon. Mais ce serait vite résumer l’animal. Plus que le dessin, little Morgann développe un goût précoce pour l’art séquentiel. Première BD à 8 ans, premier story board de court-métrage à 9… « J’étais déjà passionné par la narration, le mouvement, l’ellipse… Le fait de raconter des histoires via des plans les uns à la suite des autres. J’aurais pu aller vers le cinéma ou l’animation mais comme je suis flemmard, j’ai pris le plus simple », se marre-t-il.
À Toulouse, le hasard et sa détermination lui font croiser la route du regretté Coyote, qui lui apprend les rudiments, et de Wilfrid Lupano, qui lui met le pied à l’étrier. Depuis, il enchaîne les projets comme un moine, bosse avec des figures qu’il admire comme Janry ou Gihef, connaît le succès en dessinant les adaptations BD de l’œuvre de Pagnol et pénètre même dans le temple Fluide Glacial avec ses Super Vilains.
Autant de projets qui démontrent toute sa palette dans un genre « cartoonesque, très expressif, un peu surjoué ». Mais dont il n’a jamais signé le scénario. « En dessin, j’aime faire ce qui m’éclate, il me faut du fun. Les histoires que j’écris sont plus sombres, je ne me verrais pas du tout les faire en BD ». En plus de tous ces projets, le soi-disant flemmard cultive en effet un autre jardin, qui lui « ressemble plus ». Il réalise des clips, des courts-métrages, dont Wonder Landes avec Lupano, conçoit des pochettes d’album, notamment pour le beatmaker toulousain Riot Patanegra… « Je ne sais pas vraiment me définir en tant qu’artiste », confie-t-il. Artiste, c’est pas mal !
CLUTCHFOLIO : mars 2023 (Clutch#106) !