DIONYSOS AU BIKINI : Western sur la chaise
Six semaines après une double fracture tibia/péroné, Mathias Malzieu et ses joyeux drilles de Dionysos étaient de retour sur la scène du Bikini jeudi 28 mars dernier. Quasi deux heures de concert electro/acoustique plus tard, chacun a rejoint ses pénates la tête dans les étoiles, après une nouvelle aventure live comme à son habitude; pas piquée des hannetons.
| Mathieu Laforgue – Photos : Nikita, droits réservés
On ne va pas se mentir, en lisant les réseaux sociaux au matin du 14 février, il paraissait peu probable de profiter de la tournée des 30 ans d’exercice de Dionysos en ce jeudi 28 mars. Pour cause, 90 secondes après le début du concert d’ouverture de la tournée, Mathias Malzieu, emblématique chanteur du groupe, se jette dans la fosse aux lions nîmois et se casse la jambe. Le concert le plus court de la formation en 30 ans de carrière. Mais c’était mal connaître l’animal et penser que la fête s’arrêterait là. Dès son attente aux urgences locales, naissait l’idée de créer un fauteuil un poil particulier, tout droit sorti de l’imaginaire de Moon, membre de la famille.
Retour à la case Bikini, le temps de changer l’eau du bocal du poisson rouge après une pinte ingurgitée avec deux anciennes résistantes appaméennes, et je croise sandwich au bec, Nikita, encore bien satellisé par la performance la veille d’Irène Drésel ici même. Parfait, si la lecture des lignes qui suivent ne vous dit rien, vous pouvez profiter du superbe travail du photographe attitré des soirées Clutcho.
Quelques cancans plus tard, nous y voilà, face à cette machine qui ne s’appelle pas Groot, mais Giant Jack, morceau d’ouverture d’un concert qui commence tambour battant. Quand on connait le personnage, difficile de se dire qu’il restera bien assis sur sa chaise bien longtemps, et pourtant, perché sur son trône, le manque d’énergie ne se ressent pas un poil, et vu les tractions faites pendant nombre de morceaux il est fort pensable de s’imaginer qu’à la fin de la tournée, ses avants bras seront aussi gros que mes cuisses.
Nouveau décor, l’ajout du fauteuil étant une nouvelle dinguerie apportée à une prestation scénique démentielle, faite de projections diverses et variées de souvenirs, dessins et autres folies nées des cerveaux illuminés du quintet, mais même intensité. Parce qu’il y a certes Mathias, mais ses compagnons d’aventures sont tous aussi délurés et portent chacun à leur tour une nouvelle pierre à un édifice reconnaissable entre mille. Pas besoin d’« Anorak » ce soir, l’ambiance et l’atmosphère est chaleureuse à souhait. Alternant folie électrique et séquences acoustiques dans un silence de cathédrale, la bande à une Babetouchka toujours aussi rayonnante nous retrace sous histoire musicale des morceaux du tranchants Haïku en passant par les cultissimes Western sous la neige, Monsters in Love ou La mécanique du cœur. Mention spéciale à la version rappée de « Coccinelle » et autres vieilleries du style « Don Diego 2000 » ou « I love you ».
« John Mc Enroe » mettra comme souvent tout son petit monde d’accord, même après 30 ans à trainer ses guêtres aux quatre coins des salles de spectacle et avec son chanteur sur un fauteuil volant, Dionysos reste un put**n de mythe en la matière de secouage de vielles carcasses entassées dans la fosse. Même topo avec l’interminable « Song for Jedi », dont le refrain est repris sans cesse tellement on a l’impression que personne ne veut que ce divin moment s’arrête…
Fin du spectacle, un dernier « In Bikini dura rock » balancé et joyeux anniversaire Dionysos, au plaisir de vous revoir une septième fois programmé dans l’antre du Bikini !