ANDY SHAUF : Folk sentimentale

Artiste rarement visible sur le Vieux continent, Andy Shauf nous a fait l’agréable surprise de poser son baluchon la semaine passée sur la scène du Métronum. Retour sur un concert hors du temps qui a à l’unanimité ravi les quelques privilégiés dont je faisais partie.

| Mathieu Laforgue Photo : Louisa Bénâtre, Le Metronum Droits réservés

Passer en quelques jours des Hives à Andy Shauf, c’est culturellement parlant en gros aller à la messe un dimanche matin en étant rentré d’une fête de village dans le Couserans à l’aube. Deux salles, deux ambiances mais quelles ambiances. En effet, après avoir survécu à l’entreprise de démolition suédoise, ma première rencontre réelle avec Andy Shauf fut assez féérique, bien qu’un poil inquiet avant d’y aller. Comment en effet ce prodige folk ultra réservé allait-il capter l’attention d’un public souvent dissipé uniquement armé de sa guitare et sa voix ? Méa culpa, je me suis résolument mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Faut dire que, j’ai toujours eu une grande admiration pour le Canadien, avec une envie de préserver coute que coute l’intégrité artistique de ce petit morceau d’être humain, capable en cinq minutes d’endormir mon fils nouveau-né là où je galérais des heures.

… un moment suspendu, loin de la violence actuelle, dans une sorte de parenthèse enchantée dont
lui seul a le secret

Sa prestation au Metronum a été à son image, douce, délicate, intimiste. Une heure durant, sans un mot plus haut que l’autre, le natif de Régina nous a ensorcelé de ses classiques dans un moment suspendu, loin de la violence actuelle, dans une sorte de parenthèse enchantée dont lui seul a le secret. Une soirée mystique rythmée par le son d’un timbre de voix si particuliers, de maladroites tentatives d’échanges avec le public et un profond respect mutuel, ingrédients majeurs de la visite d’un canadien à chemise à carreaux, doux euphémisme me direz-vous, que nous ne sommes pas
prêts d’oublier de sitôt.
Finissons dans la bienveillance, vous étiez aux abonnés absents, pas de souci, reste plus qu’à rajouter à votre playlist « Bande originale des soirées d’hiver au coin du feu » les albums Norm, Wilds et The Neon Skyline.