LA DERNIÈRE À TOULOUSE : L’arme à gauche
Pour fêter l’ouverture (enfin !) de sa fréquence à Toulouse, Radio Nova débarque avec un plateau d’humour le samedi à La Cabane et l’enregistrement de la déjà culte émission La Dernière, le dimanche à La Halle aux Grains. Une occasion en or de s’entretenir avec le patron Guillaume Meurice.
| Propos recueillis par Nicolas Mathé
Chez Clutch, on fait partie des gens à qui La Dernière fait du bien. Ça fait quoi d’être une bouffée d’air frais pour des milliers de gens ?
On nous le dit beaucoup mais c’est lié au fait qu’il n’y a que très peu d’espaces comme celui-là dans le paysage médiatique. Nous, on a juste fait l’émission qu’on aurait eu envie d’entendre et les gens prennent aussi du plaisir à ce que l’émission fonctionne parce que ça donne le sentiment de pas être tout seul. Il y a toujours eu des sortes de bastion de l’impertinence : l’esprit Canal, puis l’esprit Inter, avant que tout ça ne se droitise, c’est un peu tôt pour le dire mais il y a peut-être un esprit Nova qui se dessine avec aussi les émissions d’Hakim Omiri et Djamil Le Shlag. Après, on est très lucide et autocritique sur notre impact, on ne se prend pas pour des leaders d’opinion.
Y a t-il eu des débats entre vous au moment d’aller sur Nova ?
J’ai eu un coup de fil de Mathieu Pigasse (patron de Nova) de suite après mon départ d’Inter, j’ai eu aussi des contacts avec Youtube. On avait donc le choix entre être full indépendants ou rattachés à un média. De toute façon, il n’y a pas de média neutre, Mathieu Pigasse est un banquier d’affaire, Youtube ou Twitch appartiennent à des GAFAM… Oui il y a eu discussion mais assez rapide. On a fait le choix de faire partie d’une équipe, avec la garantie d’une liberté totale. Et ça se passe très bien, à Nova, il n’y a que des jeunes, on se marre bien, il y a un côté artisanal.
Comment as tu pensé l’émission ?
Il fallait trouver le bon équilibre entre les chroniques et l’invité. Mon but, c’était juste qu’on se sente un peu moins con après avoir écouté l’émission. Je voulais qu’il y ait un côté éducation populaire, comme quand on rencontre quelqu’un qui fait un métier passionnant et qui nous le raconte. C’est plus une discussion qu’une interview, je ne suis pas journaliste, il n’y a pas d’autres enjeux que le fait que les gens comprennent.
Tes invités sont majoritairement des chercheurs, est-ce que la science doit plus que jamais être un repère en ce moment ?
Oui, toutes les sciences, même sociales. Je suis un passionné du réel, ça m’intéresse beaucoup plus que la fiction et ça la dépasse souvent de loin. Je donne juste la parole à des gens qui ont travaillé sur un sujet, dans leur domaine de compétence. C’est la base mais c’est une bonne façon de démonter les mythologies véhiculées par la droite toute la journée.
Tu dirais donc que le réel est de gauche ?
Ben, dès que tu t’intéresses au réel, oui on arrive rapidement à des solutions de gauche. Alors que la droite véhicule sans cesse des mythologies comme le mérite, et finit d’ailleurs toujours par se contredire, c’est très rigolo.
Concernant ta chronique, comment tu choisis les sujets, c’est quoi une bonne panique morale ?
C’est simple, c’est les plus connes ! Et là, il n’y a qu’à diffuser les extraits, je n’ai quasiment rien à faire. Quand on voit à quel point le simple petit point médian de l’écriture inclusive fait peur à certains au point de parler de fin de civilisation, c’est un aveu de faiblesse incroyable, c’est à mourir de rire. Je comprends que ça énerve des gens mais moi, ça me fait vraiment rire. Il faut être conscient que l’univers médiatique est un cirque donc rien ne m’étonne, c’est un peu cynique comme vision mais j’ai toujours eu ce réflexe.
Dans ces dernières chroniques, Pierre-Emmanuel Barré a sorti un couteau, un pistolet et fait des doigts d’honneur, sans que ça ne suscite de polémique.
Les polémiques n’étaient dues qu’au fait qu’on soit sur France Inter. Ce n’était pas les humoristes qui étaient ciblés mais le service public que le groupe Bolloré a pour objectif de privatiser.
La dernière de La dernière, ce n’est donc pas pour tout de suite ?
Et non, l’émission porte mal son nom, pour l’instant, on est très content d’être là.
Un mot sur votre venue à Toulouse, c’est la deuxième fois ?
Oui, c’est Nova qui nous a proposé de revenir pour l’ouverture de la fréquence. Nous on adore se déplacer, c’est comme une colonie de vacances. On a encore rien préparé puisqu’on fait ça au dernier moment mais on se renseigne toujours sur l’endroit où on va.