L’ENTAILLE, ambiance mortelle

Antoine Maillard (Éditions Cornelius) | cornelius.fr

C’était en novembre 2019, dans un autre monde : l’artiste Antoine Maillard passait dans nos pages à l’occasion du festival Bd Colomiers. Depuis, il a publié sa première bande dessinée aux éditions Cornelius. Chronique d’un album à mi-chemin entre le slasher et Twin Peaks.

| Gilles Rolland

Les corps de deux jeunes filles sont découverts près d’un lycée. La communauté est en émoi et bientôt, la menace d’un tueur armé d’une batte de base-ball se fait plus insistante. Menace que chacun gère à sa façon… Si on retrouve dans la première bande dessinée (ou roman graphique) d’Antoine Maillard, auteur et dessinateur installé à Toulouse, diplômé en master de bande dessinée à l’EESI d’Angoulême, certains des codes chers au slasher, celle-ci voit plus loin.

L’entaille n’a rien d’une simple déclinaison sur papier des Vendredi 13, Halloween et autres Scream. Non car ici, Antoine Maillard, par la finesse de son trait (l’ouvrage est intégralement réalisé en noir et blanc, au crayon à papier) et la densité de son récit, évolue aussi dans le sillage de quelques-uns des maîtres de l’underground américain, Charles Burns et Derf Backderf en tête. Ce dernier qui, pour rappel, s’est fendu en 2013 d’une œuvre très remarquée dans laquelle il relatait son enfance notamment passée au contact du tueur en série Jeffrey Dahmer (Mon ami Dahmer)…

Dans L’entaille, les intrigues se bousculent et se télescopent dans une atmosphère qui, fin du fin, rappelle aussi celle de Twin Peaks, le cauchemar meurtrier de David Lynch. Un assassin sévit et un potentiel disciple de ce dernier se construit. Les personnages sont tous aux prises avec cette nécessité de survivre dans un environnement tangible, aux contours empruntés (puis déformés) dans les films sus-cités. L’entaille, au final, interroge le réel, ou en tout cas un certain réel, pour mieux nous déranger, nous inciter à la réflexion et parfois même, nous glacer d’effroi.

Photos : L’ENTAILLE © Éditions Cornelius

L’ENTAILLE : extrait à lire