TECHNOPOL OCCITANIE :
Quand les acteurs
de la culture electro se fédèrent

[RENCONTRES] Les Halles de la Transition | jeu. 16 février | 14h30 | grat. sur inscription | 7 rue du
Canon d’Arcole | leshallesdelatransition.com

L’antenne Technopol Occitanie organise les Rencontres électroniques ce jeudi afin de discuter et fédérer l’ensemble des acteurs des musiques électroniques de la région. Une plénière et quatre ateliers sont au programme autour du soutien au développement des musiques électroniques. Entretien avec Mina Forouhar, de l’association Regarts et Céline Le-Ven de Karnage Records.

| Propos recueillis par Vincent Ducasse

Comment est venue l’idée de créer cet événement réunissant les différents acteurs des musiques
électroniques ?

Mina Fohourar : L’asso Technopol est née en 96 à Lyon avant de s’exporter sur Paris. Le but de cette asso est de fédérer les acteurs de la musique électronique suite aux pressions des pouvoirs publics sur la musique électronique, qui est complètement stigmatisée. Je compare un peu l’électro au rock dans les années 60 : la musique du diable, faîte pour les fous. On crée ensuite la Techno Parade, entre autres choses, et aussi la Paris Electronic Week. Nous, les adhérents éparpillés dans toute la France, on se retrouvait un petit peu loin de ce qui se passait à Paris. C’est comme cela qu’on a eu l’idée de créer ces antennes de Technopol en région pour que les problématiques, qui peuvent être plus locales et spécifiques, remontent et qu’il y ait de vrais échanges entre Paris, notamment le Ministère de la Culture, et les régions.


Pas trop difficile de rassembler toutes les assos et organisations au sein d’un seul et même événement ?
Céline Le-Ven : Pas du tout parce qu’on a la chance de vivre à Toulouse et d’avoir une ville extraordinaire du point de vue culturel. Cela fait 25 ans que je suis activiste sur cette ville et je n’ai pas vu une année morte. Actuellement, il y a même un renouveau avec plein de nouvelles assos et collectifs qui se bougent vraiment tous les weekends, qui font des fêtes légales, et même illégales parce qu’on est tous ensemble de toute façon. Depuis que j’ai commencé, il y a toujours eu énormément de groupes qui défendaient les musiques électroniques.


En quoi cet événement contribue à l’élargissement de la prise de conscience des pouvoirs publics sur le fait que les musiques électroniques fédèrent tout autant que d’autres types de musiques ?
Céline Le-Ven : Par des échanges. On a mis en place divers ateliers l’après-midi. En début d’après-midi, on a notamment une grande plénière et on a invité évidemment le Département, la Région, la mairie, la DRAC : il y a énormément d’institutions qui seront là. Et en même temps, on a invité les jeunes et les moins jeunes à venir participer, échanger et poser des questions politiques ou autres.


Suite aux plaintes de riverains pour nuisances sonores, la mairie avait décidé d’arrêter temporairement à l’automne 2021 les open air, avant de mettre en place une charte contraignante, comment maintenir un dialogue constructif ?
Mina Forouhar : L’idée est effectivement d’échanger avec les pouvoirs politiques en place aujourd’hui pour essayer de trouver des solutions ensemble. Le but ce n’est pas non plus de se positionner contre la mairie puisqu’on est ensemble et dans la même ville : il faut que ce soit constructif. Cependant, il y a quand même des choses qui sont aberrantes, qui ne sont pas logiques et sur lesquelles on ne peut pas fermer les yeux, donc il faut discuter. Il faut quand même laisser le dialogue ouvert et justement on les invite pour discuter de tout ça et pouvoir trouver des solutions ensemble. En tout cas, c’est le but. Avec Regarts, ça fait 20 ans qu’on se bat pour ça et là on a quand même le sentiment d’un petit retour en arrière. La question de l’appel à projet sur les open air, c’est effectivement un de nos “combats”, en tout cas un sujet de discussion récurrent avec la mairie. Nous essayons de faire bouger les lignes mais c’est extrêmement compliqué parce qu’on est face à des gens qui ne savent pas ce qu’est un festival, ce qu’est la musique électronique. C’est toute la structuration de la mairie qui pose problème. Mais on ne perd pas espoir et on garde le dialogue ouvert. Au contraire, on va y arriver ensemble, on espère en tout cas. C’est le souhait.


Comment les diverses organisations autour des musiques électroniques travaillent-elles ensemble sur l’élaboration de mesures pour contribuer à la reconnaissance de ces musiques ?
Céline Le-Ven : D’un point de vue des anciens, cela fait quand même entre 20 et 25 ans que l’on travaille ensemble, donc on se connait quand même très bien. Depuis toujours on s’entend bien, on se passe des coups de fil, il y a pas de problème pour les dates, pour les artistes : on se les échangent. De plus, les jeunes sont franchement montés dans le train, ils ont suivi et je pense qu’on a entendu le message de la mairie et on est en train de se structurer. Maintenant la balle, va être dans le camp de la mairie. Nous on est là, on se structure. On va aussi former, justement à travers ces ateliers et mettre des actions en place toute l’année, par exemple pour savoir comment organiser un événement sécurisé, comment répondre à des questions de type budgétaire, organisationnel ou logistique.


Quelles actions mettre en place pour mieux structurer les événements de la scène électronique toulousaine au-delà des difficultés de reconnaissance du secteur ?
Céline Le-Ven : On va vraiment tout au long de l’année essayer de mettre en place des ateliers, des tables rondes autour de sujets importants. Déjà sur la professionnalisation de ceux qui ne veulent plus rester dans “l’amateurisme”. Il y a aussi des obligations avec la SACEM et le CNM. On veut vraiment former aux métiers du spectacle vivant parce que nos associations génèrent énormément d’emplois : les emplois fixes, et tous ceux qui gravitent autour (intermittents, prestataires, foodtrucks…). C’est ce que nous souhaitons mettre en avant auprès des mairies et des institutions. Chez Karnage, on a la chance d’avoir entre 50 et 70 bénévoles et adhérents et moi je me donne clairement pour mission, depuis 4 ou 5 ans, de les former aussi à leurs métiers. Cela peut amener à provoquer des vocations.

Mina Fohourar : Il y aura notamment sur cette journée du 16 février, un atelier sur les indispensables pour organiser un événement de musique électronique. Typiquement, on va parler de sécurité etc. Et il y aura donc des professionnels qui seront là pour donner des conseils et discuter.


D’autres rencontres électroniques sur des sujets peut-être plus spécifiques auront-elles lieu à l’avenir ?
Mina Forouhar : C’est un premier rendez-vous. C’est vraiment pour démarrer quelque chose. L’idée c’est de faire des ateliers un peu plus régulièrement sur l’année, l’idéal en mensuel. On va voir si on arrive à le faire mais effectivement en ayant des journées entières peut-être sur tel point précis pour vraiment le développer. C’est vraiment une entrée en matière pour venir chercher des petites clés à la volée, se rencontrer et se fédérer.
Céline Le-Ven : On va également travailler sur le fait de ne pas rester qu’à Toulouse : on va vraiment faire tous les départements parce qu’on est Technopol Occitanie. Donc on va développer des choses partout, jusque dans la ruralité. Le but est de se déplacer et de montrer que la musique est partout, de défendre les zones un peu plus blanches et créer des événements ailleurs.