CLÉRISSE EN MULTICOLORE :
L’art du culte

[BD] Médiathèque José Cabanis | jusqu’au 28 février | bibliothèque.toulouse.fr

Prolongée jusqu’au 28 février, cette exposition met en avant les couleurs éclatantes des planches d’Alexandre Clérisse. Le bédéaste, installé dans le Lot, poursuit depuis quelques années un hommage sincère à la culture pop, du cinéma aux jeux de rôle.

| Gilles Rolland

Si on parle beaucoup ces derniers temps de la nostalgie des années 80, on évoque souvent des œuvres très méta, centrées sur des références classiques, qui parfois, ont bien du mal à s’en affranchir. Bien heureusement, ce n’est pas le cas d’Alexandre Clérisse, et de son compère Thierry Smolferen, le scénariste de la BD Une année sans Cthulhu.

Il suffit de parcourir les planches de cette œuvre foisonnante, déconcertante parfois, toujours dans le bon sens du terme, pour s’en convaincre. Une aventure centrée sur un groupe de personnages bigarrés, complexe au point d’encourager de multiples lectures, mais néanmoins d’emblée passionnante. Comme un bon vieux David Lynch en somme.

Son trait se nourrit tout autant du cinéma que du jeu vidéo

Ici, on se laisse porter et on s’immerge dans les dessins d’Alexandre Clérisse. Un artiste dont le talent s’exprime au fil de références pointues. Reconnaissable entre mille, grâce à ses lignes et ses angles si caractéristiques, son trait se nourrit tout autant du cinéma que du jeu vidéo.

Également articulée autour de l’album Alfred, Quentin & Pedro sont sur un plateau, cette exposition bariolée, en partenariat avec le festival Bd Colomiers, entend aussi valoriser une forme d’artisanat. Aussi bien du côté de la création en elle-même que concernant les techniques d’impression. Gros morceau à ce sujet : les estampes imprimées «à l’ancienne» par la Fabrique des Mains Sales, qui permettent de s’immerger dans un univers atypique, habité de figures parfois familières, au cours d’une exposition incontournable.

Photo : Une année sans Cthulhu © Dargaud

UNE ANNÉE SANS CTHULHU
Smolderen & A. Clérisse (Dargaud)


Surprise : alors qu’on s’attendait à un hommage à l’œuvre d’H.P. Lovecraft, l’univers de l’auteur de La couleur tombée du ciel se retrouve mis avant via le célèbre jeu de rôle L’Appel de Cthulhu. Point de départ d’un album qui explore les années 80 mais qui, plutôt que de surfer sur la vague nostalgique façon Stranger Things, trace un sillon singulier. Oui, il y a des couleurs fluo, des walkman et des jeux d’arcade. Situé dans une petite bourgade du Lot, Une année sans Cthulhu s’insère surtout dans les interstices d’un fait divers, au fil d’une écriture mêlant enquête, fantastique et chronique adolescente, sur un dessin au parti pris tranchant.| B.O.