CINÉ PLEIN AIR : Top of the pop corn

[FESTIVAL] Cinémathèque de Toulouse | du 17 juil. au 29 août | 4 à 7,5 € | lacinemathequedetoulouse.com

Quoi de mieux que de voir un film ? Le revoir ! Et quoi de mieux que de revoir un film qu’on connaît par cœur ? Le découvrir sur grand écran sous les étoiles ! Une extase possible grâce à la 16e édition du festival Ciné Plein Air dans la cour de la Cinémathèque de Toulouse, qui reprend sa programmation quatre mois après le confinement. Clutch ne pouvait pas résister et coche de quoi se faire au moins un film par semaine tout l’été 2020.

| Baptiste Ostré

Du 17 au 19 juillet
GREASE [COMÉDIE MUSICALE] ven. 17 juil. | 22h

Alors oui, la décence cinéphile voudrait qu’on recommande La Dame de Shanghai, film maudit de 1947 devenu mythique depuis, dans lequel Orson Welles démontre son génie de la mise en scène baroque et expressionniste aux côtés de sa future ex-femme Rita Hayworth. Seulement voilà, difficile de résister face à la brillantine et au blouson noir d’un John Travolta encore svelte et d’une Olivia Newton-John permanentée. La Cinémathèque ne s’y est pas trompée, et c’est donc bien le culte Grease, comédie musicale rockabilly-kitsch qui fait l’ouverture du festival. « Oh well, oh well, oh well », désolé, Orson.

LES AUTRES FILMS DE LA SEMAINE : La Dame de Shangai, Very Bad Trip


Du 22 au 26 juillet
SANG POUR SANG [NÉO-NOIR] sam. 25 juil. | 22h

On ignore si la Cinémathèque possède la copie originale de 1984 ou la version Director’s Cut du tout premier film des frères Coen. En 2000, les frangins revoyaient en effet leur montage, réduisant Sang pour sang de trois minutes en raccourcissant des plans. Des changements souvent minimes mais aboutissant à un tempo plus proche de leurs œuvres ultérieures – notamment à l’insurpassable Fargo, dont on retrouve ici des scènes quasiment à l’état d’ébauche. Quoi qu’il en soit, les deux versions possèdent les mêmes qualités de film noir, où la poisse le dispute à l’absurde, avec en prime une superbe photographie crépusculaire de Barry Sonnenfeld, futur réal’ de Men in Black !

LES AUTRES FILMS DE LA SEMAINE : Guy, Mariage à l’Italienne, Sacré Graal, Un Américain à Paris


Du 29 juillet au 2 août
JOUR DE FÊTE [COMÉDIE] mer. 29 juil. | 22h

Dilemme cornélien cette semaine. On trancherait bien pour un shoot de plan-séquence virtuose des Fils de l’Homme, mais ce cinéma d’anticipation où l’humanité n’est plus capable de procréer correspond, au fond, beaucoup trop à notre monde en crise de tout. Ce qui est un poil déprimant, on le conçoit. Même si cela n’empêche pas le film d’Alfonso Cuaron (Gravity) d’être une des œuvres fondamentales de ces dernières années.

À la place, on errerait bien nonchalamment en suivant la balade de Stranger than paradise, beau et drôle second film de Jim Jarmusch après Permanent Vacation. A moins que l’on aille admirer le popotin de la Bardot jeune dans Le Mépris, film que Godard semble avoir créé pour être apprécié en plein air !

Sauf qu’au finish, c’est Jour de Fête qui l’emportera, premier film qui marqua les débuts de la révolution Jacques Tati dans le monde de la comédie à la française. Indispensable pour tout amateur d’humour burlesque, jeune ou moins jeune.

LES AUTRES FILMS DE LA SEMAINE :
Un Américain à Paris, Le Mépris, Les Fils de l’Homme, Stranger than Paradise, Diamants sur Canapé


Du 5 au 9 août
LES VIKINGS [AVENTURES] sam. 8 août | 22h

Pas l’ombre d’un doute cette fois. Certes, il y a aussi Série Noire d’Alain Corneau, mythique polar français adapté de Jim Thompson avec un intense Patrick Dewaere. Mais la torpeur d’un début de mois d’août est parfaite pour goûter au Technicolor des Vikings. Une toute autre ambiance que la fameuse série télé : si le film de Richard Fleischer (Soleil Vert) se base également sur la légende du roi Ragnar Lothbrok, c’est pour nous offrir une série B d’aventure dont la dimension spectaculaire est décuplée par le grand écran.

Porté par le tandem Kirk DouglasTony Curtis, les Vikings possède un charme rétro et une naïveté réconfortante. D’autant plus merveilleux que ces qualités ont largement disparu du cinéma à grand spectacle aujourd’hui.

LES AUTRES FILMS DE LA SEMAINE :
Diamants sur canapé, Série Noire, Billy Elliott, Coup de foudre à Notting Hill, La traversée de Paris


Du 12 au 16 août
À L’EST D’EDEN [DRAME] sam. 15 août | 21h30

D’accord, on craquera peut-être pour Wall-e, une des pièces maîtresses de l’écurie Pixar et grand moment de ciné familial qui renoue avec la toute puissance du muet. Mais on lui préférera probablement le magistral À l’Est d’Eden. Adapté de John Steinbeck (Les Raisins de la Colère), le film d’Elia Kazan rejoue l’allégorie biblique d’Abel & Caïn dans l’Amérique des années 20. Un mélodrame épique qui a, par ailleurs, lancé la carrière éclair de James Dean.

LES AUTRES FILMS DE LA SEMAINE :
La traversée de Paris, Le Fanfaron, Camille Redouble, Wall-e, En liberté


Du 19 au 23 août
LE NARCISSE NOIR & LES DIABOLIQUES
[DRAME, THRILLER] jeu. 20 août | 18h30 & 21h30

Hasard de la programmation ? On n’y croit pas une seconde ! Le jeudi 20 août, la Cinémathèque sort le double programme presque parfait. D’abord, à 18h30 en salle avec Le Narcisse Noir, où des religieuses créent un couvent dans… un ancien harem. À flanc d’Himalaya, la nature précédente du dispensaire ressurgit peu à peu sur nos nonnes, de plus en plus troublées par l’éveil de leur sexualité. Le grand tour de force du film des britanniques Michael Powell & Emeric Pressburger est de réussir à installer une vigoureuse tension érotique, sans jamais rien dévoiler à l’image (ou si peu). Ajoutez à ça une époustouflante direction artistique, qui fait que chaque image mériterait d’être accrochée sur une toile. Certes, venant des auteurs des Chaussons Rouges, c’est le moins qu’on pouvait attendre !

Ensuite, direction la cour à 21h30 pour enchaîner avec une des grandes réussites d’Henri-Georges Clouzot. Noir & blanc vénéneux, démonstration de mise en scène, twist précurseur. Que dire sur Les Diaboliques si ce n’est qu’Hitchcock piquera à notre Clouzot national son duo de scénaristes (qui livrera le script de Vertigo, un des plus beaux films de tous les temps), et son coup marketing (à la sortie des Diaboliques, des pancartes devant les cinémas incitaient le public à ne pas divulgâcher le retournement de scénario, procédé qu’Hitch’ emploiera plus tard pour Psychose).

LES AUTRES FILMS DE LA SEMAINE :
En liberté, Max & les Maximonstres, La Piel que Habito, Les Incorruptibles


Du 26 au 29 août
SNOWPIERCER & RETOUR VERS LE FUTUR
[POST-APO, SF] ven. 28 août | 18h30 & 21h30

S’ils partagent peu de choses en commun en dehors d’une vaste étiquette « Sf », enchaîner Snowpiercer & Retour vers le futur le même soir est malgré tout salutaire. Tout bêtement parce que choisir entre les deux relèverait de la torture.

Ultime totem de la pop culture, Retour vers le futur fait partie de ces films dont on connaît les dialogues par cœur mais qu’on ne se lasse jamais de revoir, comme on retrouverait de vieux amis. Après tout, du scénario à la mise en scène en passant par la musique et l’interprétation, le film de Robert Zemeckis demeure un petit miracle de divertissement intelligent. Convecteur temporel branché au vendredi 28 août en salle, avant d’aller au grand air braver l’ère glaciaire à bord du Transperceneige

Adapté de la bande dessiné de Lob & Rochette, The Snowpiercer a tout d’un grand classique en devenir – on n’en dira pas autant de sa toute récente déclinaison en série Netflix. Futur palmé et double oscarisé pour Parasite, le Coréen Bong Joon-Ho apposait sa patte sur ce récit apocalyptico-écolo : un ton unique assaisonnant avec maestria film d’action, thriller post-apo et comédie zarbi autour d’une parabole sur la lutte des classes.

Mais si vous préférez pousser des « Nom de Zeus ! », semer des terroristes lybiens en voyageant dans le passé, avoir un ticket avec votre mère (c’est pas l’pied) et danser le rock sur « Johnny Be Good » en plein air, rendez-vous la veille le jeudi 27 août !

LES AUTRES FILMS DE LA SEMAINE : La Piel que Habito, L’Effet Aquatique, Cinema Paradiso

Photos : Grease, Les Vikings, À l’Est d’Eden, Retour vers le futur © Collection La Cinémathèque de Toulouse