[ÉDITO] Trouble Fête

Rédigé quelques jours avant l’annonce du (re)confinement, l’édito du 86e numéro a vite été rattrapé par l’actualité sanitaire. Même sentence pour l’ensemble du magazine Clutch. Ce mois de novembre 2020 conserve in fine une place à part, comme le témoignage de tout (ou presque) ce qu’on aurait pu faire dans un autre univers.

Tout n’est donc pas perdu pour autant. Il y a un magnifique portfolio de l’artiste Pèir Lavit, dont l’imagerie romantico-macabre entre pour le moins en résonance avec cet étrange mois de novembre.

Il y a, également, plusieurs sujets consacrés à la bande dessinée, qui peuvent se lire en dehors de toute actualité.

Il demeure, surtout, une certaine fierté à avoir malgré tout imprimé un magazine, en soutien à tous ceux qui s’étaient réorganisés pour accueillir du public lors d’un bref couvre-feu – qu’on regretterait presque, aujourd’hui que le confinement est en vigueur.

On parlait même de « Feu sacré », en titre d’un édito (ci-dessous) qui risquait fatalement d’être vite dépassé. Mais nous étions loin d’imaginer à quelle rapidité il deviendrait obsolète !

Couverture C#86 par Pèir Lavit

[édito pré-confinement]
LE FEU SACRÉ

Il y a eu un instant de flottement, à l’annonce du couvre-feu à Toulouse. Quelques heures d’incertitude totale. D’angoisse de devoir à nouveau comptabiliser les annulations, comme autant de cadavres abandonnés sur le champ de bataille de la culture.

En un sens, ça n’a pas manqué, en premier lieu avec le feuilleton ubuesque au cœur duquel les bars et cafés-concerts se sont retrouvés (fermeront ? ouvriront ? fermeront…).

Pire : avec la dégradation de la situation dans les hôpitaux, nous ne sommes plus à l’abri d’une nouvelle restriction dans quelques semaines, quelques jours, aujourd’hui même.

Pourtant, plutôt que de rendre les armes à force de découragement, les salles de spectacles, cinémas, et festivals ont, avec une vélocité admirable, adapté leurs horaires. Or, qui pour voir une pièce, un film ou un concert à 17h ou 19h ?

L’air de rien, c’est une question quasi existentielle. Mais c’est peut-être grâce à notre réponse, en tant que public, que « la culture ne s’arrêtera pas » ! | Les Clutchers