GUS VAN SANT À TOULOUSE : Clutch y était !

[THEATRE] ThéâtredelaCité | 24 et 25 mai | 19h30 | theatre-cite.com

On vous avait dit dans notre dernier numéro que le grand Gus Van Sant ne viendrait pas à Toulouse, alors que sa pièce, Trouble, une comédie musicale sur Andy Warhol, y est programmée ce mercredi 24 mai et demain jeudi 25 au ThéâtredelaCité et que la Cinémathèque nous offre une rétrospective de son œuvre. Surprise ! La rencontre a finalement eu lieu, hier soir au TC.

| Valérie Lassus – Photo : Touble, mis en scène par Gus Van Sant – Bruno Simao

Ce fut, côté presse, 40 minutes de questions à la volée pour le cinéaste américain Gus Van Sant, touche-à-tout ayant su porter un smoking à Hollywood et des Converses à New York… comme à Toulouse, où il est apparu simple et décontracté. Gus Van Sant ne fait pas ses 70 ans. Il a dans les yeux, quand il parle d’anecdotes de travail, une étincelle de gamin, un petit sourire en coin. Comme quand Clutch lui demande ce qui a été le plus difficile pour lui lorsqu’il est passé du travail de réalisateur de cinéma, qu’il exerce depuis 1981, à celui de metteur en scène de théâtre en 2020. « Tout était un challenge ! Je ne savais rien, je devais tout apprendre. Il y avait des choses très simples, comme des changements de scène, les réactions du public où, disons-le, je n’ai pas été brillant ! Mais si j’arrive à apprendre de mes erreurs, pourquoi ne pas réitérer l’expérience… » Il faut dire que le théâtre était une totale nouveauté pour lui avec cette commande en 2020 de la Biennale de Lisbonne, avec une équipe 100 % portugaise, au Portugal. Sacré Covid. Là aussi, il avait cette volonté de « faire quelque chose qui change, quelque chose que je n’avais jamais essayé. »

Une représentation n’est jamais comme une autre, il y a une incertitude et une fragilité. Cette unicité, c’est une des grandes forces du théâtre

Le réalisateur plusieurs fois primé (My Own Private Idaho, Elephant, Promised Land…) apparaît comme un curieux sachant s’inspirer de ce qui l’entoure, sans a priori. Il raconte, par exemple, qu’il a choisi Andy Warhol car, côtoyant des proches du pape de la pop culture, il avait accumulé tellement d’histoires et d’anecdotes qu’il avait envie, entre autre, de raconter cette époque. Ou encore, par rapport au soin apporté à la musique dans ses films, il explique que de rencontres en hasards, comme pour Alice in Hollywood, il a découvert des musiques qu’il intègre à ses œuvres ou des artistes méconnus auxquels il commande des musiques. Gus Van Sant donne bien l’image d’un homme tranquille qui sait s’adapter. Mais quelque chose au théâtre a peut-être fait tanguer le vieux briscard des plateaux. « Une chose à laquelle je n’avais pas pensé avant et qui m’a pris de court, c’est tout simplement qu’au théâtre, une représentation n’est jamais comme une autre, il y a une incertitude et une fragilité, qui peut être due à un problème technique, à l’humeur des interprètes, au public. Cette unicité de la représentation, c’est une des grandes forces du théâtre. » Un peu de magie en somme, comme celle de pouvoir rencontrer un grand réalisateur américain, ainsi que le propose de nouveau la Cinémathèque, ce jeudi 25 à 19h et de (re)voir ses films, jusqu’au 28 juin.