PREMIER ALBUM POUR LOMBRE : « Entre le soleil et le dark »

Originaire d’Aveyron, Lombre sort son premier album ce vendredi 12 mai. Après deux EP plutôt sombres, l’artiste revient avec un projet intitulé Ailleurs, rempli d’espoir, de rêve et de remise en question. Pour son premier album, Lombre raconte une véritable histoire à travers ses titres. Un fil conducteur qui nous emmène vers un avenir meilleur. L’artiste a répondu à nos questions.

| Propos recueillis par Clément Bassot – Photo : Léa Saint-Sernin

Dans tes interviews, tu cites des rappeurs ou Pierre Soulages comme inspiration. Est-ce que des poètes peuvent aussi t’inspirer ?

C’est vrai que je suis admiratif du travail de Pierre Soulages. Mais aussi de rappeurs et groupes comme Orelsan, Georgio ou Fauve qui portent beaucoup d’importance à l’écriture. En revanche, je ne suis pas un grand lecteur et je n’ai pas trop de références en matière de poésie mais je sens qu’un jour, c’est quelque chose qui va me sauter à la figure.

Y a-t-il d’autres endroits où tu puises l’inspiration ?

Je puise beaucoup mon inspiration dans la danse aussi. Mon père est metteur en scène donc j’ai été très tôt sur les planches de théâtre et aujourd’hui ça m’aide quand je fais des concerts.

Aujourd’hui les textes dans le rap sont passés au second plan, pourtant on ressent dans tes morceaux qu’ils ont une place importante.

J’ai commencé à écrire mes premiers poèmes quand j’étais enfant, dans une période compliquée de ma vie. Et c’est devenu comme une thérapie pour moi. J’accorde beaucoup d’importance aux textes dans mes chansons. Je suis un amoureux des mots et ça a toujours eu beaucoup d’importance à mes yeux. Ils sont comme un exutoire pour moi !

Je veux rester fier de mes sons et qu’ils perdurent dans le temps.

On a l’impression que tu portes aussi beaucoup d’importance à la notion d’album ?

Oui en effet, j’ai toujours eu de l’amour et de l’affection pour les albums. Quand j’étais petit, mon père m’emmenait le mercredi à la médiathèque pour aller chercher des disques. J’ai eu cette éducation d’écouter plusieurs fois les albums, de me questionner pour trouver quel thème ou quelle subtilité l’artiste avait construit autour de son disque. J’ai grandi avec cette fascination pour les albums donc je le reproduis aujourd’hui, du moins j’essaye au maximum !

Justement, aujourd’hui nous sommes habitués à recevoir plein de musiques et d’albums sans cesse. Pourquoi ce choix d’attendre six ans après le premier EP pour sortir ton premier album ?

C’est vrai qu’aujourd’hui tout le monde est habitué à recevoir beaucoup de musiques de partout. Mais ce n’est pas mon axe. Je veux rester fier de mes sons et qu’ils perdurent dans le temps. C’est très important pour moi car j’ai besoin de pouvoir assumer ma musique même plusieurs années après. Je me sens plus à l’aise avec cette façon de travailler. Mais je ne dirais pas que j’ai attendu, plutôt que j’ai pris le temps avec notamment mes deux premiers EP qui m’ont servi pour ma direction artistique.

Comment définirais-tu ton album ?

C’est entre le soleil et le dark. J’essaye d’avoir un projet qui soit le plus singulier possible même s’il y a quelques inspirations dedans. C’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur.

Dans cet album de 12 titres, le deuxième morceau est dédié à ton public. C’était important pour toi ?

(sourire) En effet, c’est un son qui s’adresse à mon public mais à la base, j’écrivais un texte pour ma famille. Et, c’est justement ce que j’adore avec la musique, le public peut l’interpréter à sa manière. J’aime laisser cette liberté aux auditeurs, ouvrir le champ de l’imaginaire. Mais oui c’était important pour moi d’écrire ce son car même si je n’ai pas des millions de fans, il y en a qui me suivent depuis mes débuts. Et sans eux, je n’en serais pas là, c’est important de le souligner.

J’adore jouer avec les paradoxes.

Il y aussi un morceau dans lequel tu d’adresses à un petit garçon. Tu fais référence à quelqu’un en particulier ?

Ce son est particulier pour moi car je me souviens exactement ce qui me l’a inspiré. Il s’intitule « Dors petit, dors ». Et je me rappelle, c’était le 31 juillet 2021 à la veille de mon départ en vacances et j’étais à un repas de famille. Il commençait à se faire tard et j’ai vu mon petit cousin s’endormir sur le canapé. Je suis allé en studio juste après et j’ai voulu une prod assez solaire, puis j’ai trouvé intéressant de narrer une histoire autour de ça.

On ressent une certaine solitude tout au long de l’album, avec un titre qui résume assez bien ça, « Fête ». Pourtant le titre est à l’opposé du texte, c’était un paradoxe voulu ?

J’adore jouer avec les paradoxes comme avec mon nom de scène, « Lombre » alors que je me tourne beaucoup vers la lumière. En effet, dans la définition du titre, il y a un côté joyeux, festif et j’en ai fait un son un peu schizophrène. J’ai toujours voulu écrire sur ce thème, les soirées. Je suis assez fier de ce son, je voulais écrire sur les moments d’une soirée où on se retrouve seul face à nous même, cet instant de solitude.

L’amour est aussi un thème que tu abordes sur trois de tes morceaux. Cette inspiration vient de ton vécu ?

Oui je me sers de ce que j’ai vécu mais les textes ne sont pas pour autant dédiés à une personne. D’ailleurs dans une d’entre elles, je trouvais intéressant de raconter une histoire d’amour et de prendre le truc à l’envers. Comme un long fleuve sans refrain. Mais il y en a aussi une autre que j’ai écrit juste après la rupture avec mon premier amour, je pense que c’était important de comprendre qu’avec le temps on guérit de ces blessures. C’est ce que j’explique à travers ce texte.

Tu parles aussi d’écologie dans un des titres.

C’est quelque chose qui nous touche à tous et à part quelques uns je pense que tout le monde est d’accord pour dire qu’il y a une urgence autour du climat. Je ne veux pas être moralisateur car moi-même je ne suis pas irréprochable mais c’est une prise de conscience de ma part et je trouvais ça important d’en parler.

Tout au long de l’album tu parles d’espoir, de futur mais le passé est omniprésent. Pourquoi ?

Je trouvais ça intéressant, les souvenirs font du bien et nous aident pour le présent mais aussi pour avancer dans le futur. C’est une forme d’ailleurs mais aussi une façon de penser au passé comme une force pour l’avenir.

Et pour finir, est-ce qu’on peut espérer la sortie d’un 4ème clip prochainement ?

(sourire) On a déjà clippé un autre morceau qui devrait sortir très prochainement. Peut-être avant l’été !