HYL : « Une vie »…
pour se re-inventer
[RAP] Le Connexion Live | sam. 1er avril | 22h04 | 8 à 15€ | connexionlive.fr
Figure montante du rap-un-peu-pop toulousain, HYL revient ce 24 janvier avec « Une vie », un nouveau clip de 4min33, où il étonne et détonne de ses anciennes productions. L’occasion pour lui de montrer un nouveau visage et d’annoncer un premier disque, Monopoly, ainsi qu’un concert de lancement au Connexion Live. Au fait, “HYL” se prononce en toutes lettres.
| Propos recueillis par Adrien Pateau – Photo Sebastien Arnoults
Alors, cet EP ?
Il a été long à faire. Certains titres, comme « Ces Bruits » datent d’avant le confinement. J’attendais le bon moment pour les sortir. Là j’ai tout mis, j’ai fait un vrai tapis. Peu importe l’exposition qu’il aura. En plus, le disque a été travaillé avec des pointures de Toulouse (La Tanière, Clément Libes…) ! Je suis fier et content du rendu final. Globalement, ça parle du passage à l’âge adulte. Monopoly, c’est un jeu d’adultes pour enfants. Et il y a le “mono” parce que je me suis recentré sur moi même alors que j’ai toujours interprété plusieurs personnages. Je parle aussi de rupture, de certains regards sur la société et il y a même un feat avec Hippocampe Fou qui a été ajouté à la dernière minute !
Et donc tu as annoncé cet album avec un clip où on te voit raper dans le noir devant des piles de cartons. J’ai maté ça avec un pote assez exigeant. Après un temps de silence, il m’a juste dit : « ah mais là tu peux pas dire que c’est pas bien« . Merde il a raison.
(Il rit). Franchement, c’est un des sons qui me touchent le plus depuis le début de ma mini carrière. Je l’ai écrit à un moment de forte introspection. Avant lui, je réfléchissais beaucoup à comment écrire pour le public. J’en oubliais presque la sincérité. Un jour où ça n’allait vraiment pas, je suis parti à Seignosse avec une amie. Juste pour écrire. On s’est posé sur la plage, et je me suis mis à gratter sans réfléchir. Comme pour faire une mise au point avec moi-même. Pour savoir où j’en étais avant de repartir. C’est pour ça que je répète souvent “j’ai appris, j’ai compris”… Je ne pensais pas que le texte sortirait un jour ! Mais ça a donné « Une Vie », que l’équipe a adoré. C’est même un des morceaux les plus importants du projet et le titre où je suis le plus à nu. C’est rare qu’on ne me cite pas ce morceau à la fin des concerts !
Il a cette énergie toute particulière des intros et outro d’albums de rap…
Exactement. Moi aussi j’adore cette vibe, d’ailleurs c’est devenu l’intro de tous les lives depuis un an ! Je veux faire davantage de longs morceaux progressifs, avec beaucoup de texte, pas de refrain et une forte intensité émotionnelle. Ça transcende. Même pour le clip, mon compte bancaire voulait un truc simple mais fort. Les 200 cartons symbolisent le fait de déménager sa propre vie.
C’est un nouveau départ ?
Clairement. Je veux faire plus de sons comme celui-là. Avant, j’avais trois personnages sur scène, je changeais de timbre, d’attitude, c’était théâtral. Nous avons alimenté ce triptyque pendant deux ans. Et puis, j’ai eu un déclic après les Rencontres d’Astaffort. C’était un des moments les plus incroyables de ma vie. Et aussi le pic de ma période de mal-être. En 2021, mon Dj venait d’arrêter, je ne savais plus où j’en étais. Là bas, je me suis retrouvé enfermé 10 jours avec 14 musiciens de parcours très différents. Ça a été un énorme coup de boost. Là bas, tu carbures. Nous avons fait 38 morceaux en cinq jours, t’as pas le temps de te poser des questions. T’écris avec les tripes. J’ai découvert qu’il n’y avait pas à rougir de se planter et qu’il fallait que je sois moi même.
Ça a été le déclic ?
Après ça, tout s’est enchaîné. J’ai rencontré Florent Maurin, c’est un génie, et depuis 2022 je suis accompagné par Hoodie Boy qui a fait tous les tracks du projet. Nous formons une sorte de groupe, un peu comme Orelsan, Ablaye et Skread. On a supprimé des morceaux et des personnages. Ils alimentaient une image fictive, certes un bout de moi, mais je n’ai plus besoin de me cacher derrière. J’ai remis Yohann dans HYL. Mais ça reste super éclectique, entre chanson et rock, avec de l’electro, j’accepte davantage de ne pas être juste dans le rap. Je fais ce qui me plait.
Comment te qualifier maintenant ? Rap de iencli ?
J’accepte cette étiquette ! (Il rit). Comme le rock, qui a évolué en se déclinant, le hard rock, le punk rock… il y a 36 000 styles de rap différents ! Gangsta rap, rap conscient… Je suis un enfant de ce nouveau rap qui s’est mélangé avec d’autres influences, la chanson, le rock, l’électro, le funk… Je suis hybride.
Au fait, comment tu t’es lancé dans le rap ?
Je fais de la musique depuis gamin. Nous avions un groupe, les Chicken Furious, nous voulions être les Linkin Park français ! J’avais arrêté, arrivé à Paris, quand j’avais 18 ans. Un jour, mon petit frère m’a fait découvrir 16 pièces d’Hocus Pocus et ça a été une grande claque. A partir de là j’ai écouté beaucoup de rap et je me suis mis à en écrire. C’était pour rire. Un pari stupide a tout changé : avec Nick Pearce, l’illustrateur avec qui je bosse depuis le début et qui fait partie du noyau de l’équipe, nous avions lancé un crowdfunding en disant que si ça atteignait les 4000 euros je quitterai l’agence de com’ où j’étais Directeur Artistique pour m’impliquer à fond dans la musique. Nous avons atteint 4100 euros… J’adorais la DA, j’avais de la chance d’exercer ce métier à 23-24 ans, mais bosser pour des marques aux budgets faramineux pour des choses futiles m’ennuyait. J’ai voulu me mettre au service de la musique.
Ça n’a pas dû être simple…
Je me souviens qu’à 12 ans j’avais dit à mon père que je serai musicien. Au bout d’un moment il faut se lancer ! J’ai profité du chômage et j’ai fait un peu de freelance à côté. Heureusement, mes parents me soutiennent de fou. Mon père m’a juste dit de finir mes études avant de me lancer. Quant à ma mère… C’est la définition du soutien inconditionnel. Elle est là tous les concerts, même les open mic street, elle a une ouverture d’esprit incroyable. C’est la conductrice de HYL ! Et elle m’héberge en ce moment. L’art c’est super cool mais ça ne paie pas beaucoup.
Et quelles sont les prochaines étapes ?
Le clip de “Ces Bruits” doit arriver, c’est le titre le plus fort de l’EP. Ensuite il y aura un autre clip, les festivals et le prochain EP pour la fin de l’année. On travaille un rythme de sortie et quelques feats avec Dagher, RomTom, Marie Amalie… Et bien d’autres ! Jusque là, je refusais, je me cherchais musicalement.
Et on te retrouve bientôt à ton QG, le Connexion Live…
Oui, c’est vrai que je connais bien, je fais le MC pour des open-mic ! Mais là, j’y serai pour une heure et demie de concert ! Il y aura tout l’EP, des anciens titres et même des nouveaux de l’EP suivant. Exceptionnellement, on sera quatre sur scène. Il y aura Daoud à la trompette pour un show dantesque. Ça sera unique. A priori, on pourra y acheter les CDs en exclus’. Faut venir, c’est toujours mieux en live !
Bonus : le clip « Une vie », dévoilé ce mardi 24 janvier