LA CULTURE FACE À LA COVID19 :
l’Utopia & le collectif
[ÉTAT DES LIEUX]
Article complément au dossier « La Culture face à la Covid » (Clutch #84 – sept. 2020)
cinemas-utopia.org
La pandémie de Covid-19 a eu un impact très important sur la culture et donc sur le cinéma. Le virus ayant mis à l’arrêt la production de longs-métrages mais aussi provoqué la fermeture de toutes les salles à travers le pays. Quand vint le moment d’accueillir à nouveau le public, les cinémas optèrent parfois pour des stratégies différentes. Exemple avec Susana, de la Scop Utopia Santa Magdelana, responsable de l’Utopia Tournefeuille.
| Propos recueillis par Gilles Rolland
Quelle a été votre stratégie concernant la réouverture du cinéma ?
Nous avons choisi de ne pas ouvrir le cinéma à cause des travaux, mais nous n’aurions pas ouvert immédiatement quoi qu’il en soit, par rapport aux nombreuses incertitudes relatives à la situation. C’est pour cela que nous avons opté pour une réouverture le 12 août.
Notre public est, à Tournefeuille, intergénérationnel. Les gens ont une approche différente de la situation. Quand le moment est venu, on a éprouvé le besoin de savoir si tout le monde était en confiance. Le retour était nécessaire, pour le moral des troupes notamment, mais nous avons décidé de ne pas ouvrir immédiatement. Nous tenions à ce que les spectateurs se sentent en confiance. Ce qui n’étaient pas forcément le cas au début, quand le gouvernement a donné la permission aux cinémas d’ouvrir leurs portes. Il nous fallait aussi faire les agencements nécessaires. Nous avons ainsi installé un beau paravent en verre pour amenuiser le côté anxiogène et nous avons revu le traitement de l’air dans les salles. Ce n’était pas obligatoire mais nous avons changé les filtres de la climatisation tout de suite. Une façon de garantir à notre public une sécurité pour qu’ils se sentent justement en confiance.
On est donc resté en hibernation même si nous avions très envie de revenir. Le temps de reprendre le chemin du cinéma fut long et nous en avions besoin pour préparer une rentrée convenable.
Ne fut-il pas compliqué d’établir une programmation ?
Si en effet. Ce fut déjà compliqué, ne serait-ce que pour la gazette, qui fait partie de notre identité. Une publication que les gens ne peuvent plus consulter sur-place. Il est désormais impératif que chacun prenne la sienne. Pour ce qui est des films… Les dates de sortie ont tendance à changer plusieurs fois. Il est très complexe de construire une programmation. Surtout quand, comme nous, on fait la prog’ avec un mois et demi d’avance. On prend certains risques.
Cela dit, il était important pour nous de continuer à proposer du cinéma pour tout le monde. Pour les enfants notamment. Important que le cinéma soit un lieu de vie et de liberté pour tous. Que ce soit fluide et facile pour tout le monde.
Nous travaillons dans l’art collectif et universel et le rassemblement. Pour nous, le cinéma se travaille dans la salle et nulle-part ailleurs. Cette espèce de magie qui se crée quand on est tous ensemble à regarder un film dans le noir. Il n’y a rien de plus facile au monde, puis chez nous, c’est économique de venir au cinéma. Avec la Covid, tout cela a été remis en question, avec la distanciation sociale notamment, les gestes barrières…
Quels sont vos sentiments concernant l’avenir ?
Ici, à L’Utopia, nous voulons continuer à défendre l’art collectif du cinéma. Garder ce lieu de vie bien vivant. Notre salut à nous, c’est que les gens reviennent dans la salle en confiance. Et on met tout en œuvre pour ça. On sépare les séances, on fait des aménagements, etc. Nous savons que les gens sont aptes à être responsables. Il est très rare de trouver des personnes qui ne jouent pas le jeu.
Nous désirons pérenniser cette façon de voir le cinéma le plus longtemps possible. Vu le contexte, nous militons pour l’imagination, les idées, les surprises, les rires….
Photo : Utopia Tournefeuille – côté bistro © DR
Illustration : © La Fée Clutchette
POUR ALLER PLUS LOIN…
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