[VIDÉO CLUB]
Les Chroniques de septembre 2020
LES RÉVOLTÉS DE L’AN 2000
N.I. SERRADOR (Carlotta Films)
[DRAME FANTASTIQUE]
Il a beau se dérouler sous un soleil de plomb, Les révoltés de l’an 2000 est un film particulièrement lugubre. Un couple de touristes anglais y échoue sur une île laissée aux seules mains des enfants, toute présence adulte ayant mystérieusement disparue. Survival à la lisière du fantastique et de l’horreur, le film de Narciso Ibañez Serrador est un peu Sa Majesté des Mouches revu par le Romero de la Nuit des Morts Vivants ou le Hitchcock des Oiseaux. C’est le Village des Damnés avec un soupçon de Massacre à la Tronçonneuse. Des influences toujours bien intégrées et digérées par le récit, terrible métaphore de la nature autodestructrice de l’espèce humaine. En ce sens, le titre original était bien plus net que sa tarte version française : ¿ Quien puede matar a un niño ? : « Qui oserait tuer un enfant ? », en effet. Dès l’inconfortable générique d’ouverture, la réponse y est plus ambivalente qu’on ne pourrait le penser. D’où la grande richesse de ce film espagnol, tombé dans un semi-oubli depuis sa sortie en 1977. Une incroyable – et indispensable – rareté. | B.O.
PRÊTE A TOUT
GUS VAN SANT (Elephant films)
[COMÉDIE NOIRE]
Adaptation du roman éponyme de Joyce Maynard traitant d’une affaire ayant défrayé la chronique, Prête à Tout est le premier film de commande de Gus Van Sant. Le réalisateur, qui ne s’est pas vendu pour autant, s’arrange pour s’approprier le parcours de cette jeune arriviste campée par une Nicole Kidman alors en pleine ascension vers la gloire internationale. Un long-métrage en forme de puissante satire sur le pouvoir des médias et de la télévision en particulier, qui ici, est décrite comme la grande corruptrice d’une jeunesse avide de toujours plus s’exposer. Pouvant également compter sur un Joaquin Phoenix débutant et sur un Matt Dillon solide, Prête à Tout a enfin droit à une édition Blu-ray digne de ce nom ! Attention à ne pas confondre avec Prêt à tout avec Max Boublil qui, dans son genre, est très violent aussi.| G.R.
VIVARIUM
LORCAN FINNEGAN (The Jokers)
[THRILLER]
Au hasard d’une improbable rencontre dans une agence immobilière somme toute classique, Tom et Gemma se retrouvent coincés dans un lotissement composé de maisons toutes plus identiques les unes que les autres. Sorti juste avant le confinement – c’était peut être un signe -, Vivarium s’impose comme un huis clos particulièrement anxiogène au final totalement capilotracté. Derrière la caméra, Lorcan Finnegan s’amuse avec nos deux tourtereaux, formidable Imogen Poots et dévasté Jesse Eisenberg, pour une relecture en quelque sorte lunaire d’Un jour sans fin à la sauce Lynch. Claustrophobes s’abstenir. | M.L.
COLOR OUT OF SPACE
RICHARD STANLEY (Prime Video)
[ÉPOUVANTE]
Installé en Ariège, Richard Stanley est aujourd’hui surtout connu pour avoir squatté sous un costume de figurant le tournage du nanar L’île du Dr. Moreau, après s’être fait viré du poste de réalisateur au bout de seulement trois jours. Une histoire complètement dingo, qui rendait d’autant plus impatient à l’idée de le voir retourner au long-métrage. S’attaquer à La couleur tombée du Ciel n’était pas une option de facilité. Car la nouvelle de H.P. Lovecraft est une des plus emblématiques du « reclus de Providence », mais aussi une des plus casse-gueule à retranscrire au cinéma. Épaulé par un Nic Cage en furie, Stanley s’acquitte de la tâche avec un brio certain, malgré un budget rachitique. Color out of space n’est pas exempt de défaut, mais la mise en scène en fait un délice de série B non dénué de pur moment d’épouvante. | B.O.