LA CULTURE FACE À LA COVID19 :
Appel de Phare

[ÉTAT DES LIEUX]
Article complément au dossier « La Culture face à la Covid » (Clutch #84 – sept. 2020)
bajoelmar.fr

Association culturelle engagée autant dans les cultures urbaines et le spectacle vivant que les musiques actuelles, Bajo El Mar a en charge la programmation de la salle de concert Le Phare, à Tournefeuille, depuis 2016. Une agence qui, face aux restrictions imposées par la situation sanitaire, a décidé de placer sa rentrée sous le signe de la création. Nastasia Chetritt nous éclaire…

| Propos recueillis par Baptiste Ostré

Dès fin mai, Bajo el Mar a annoncé son intention de mettre en avant la création via des résidences de groupes. Vous avez ressenti très vite le besoin d’adapter vos activités plutôt que d’attendre une hypothétique reprise des concerts ?
Effectivement ! Il était important pour nous de faire une rentrée, autant pour l’équipe Bajo el Mar que pour les équipes artistiques avec qui nous travaillons régulièrement. Après quasiment 6 mois de pas grand chose, retrouver une dynamique, une cohésion d’équipe et du lien était essentiel pour nous. 

Alors on a décidé d’axer cette rentrée sur la création, en accueillant des projets artistique musicaux & spectacle vivant en résidence au Phare, à Tournefeuille, là où se situent nos bureaux. 

On l’oublie un peu, mais au fond, le Phare n’est pas qu’une salle de concert. C’est également un outil…
Et oui ! C’est ce qui nous a toujours intéressé dans le projet du Phare. A dispo ici on a la scène – le grand plateau – évidemment, mais aussi trois studios de répétitions et un studio d’enregistrement. 

Ces équipements nous permettent à la fois de fournir un espace de travail pour les groupes en développement que nous avons chez Bajo el Mar, et aussi d’aider certains de nos coups de cœur musicaux. Nous y menons également certains de nos ateliers de médiation culturelle. 

On est attentifs à l’émergence des projets régionaux, on a des oreilles partout !

Comment sélectionnez-vous les groupes accueillis en résidence ?
Une de nos activités est d’être développeur d’artiste, spécialisé dans les cultures urbaines ! À ce titre, on intervient en tant que jury dans plusieurs tremplin locaux et nationaux, comme les ïNOUïS du Printemps de Bourges, Buzz Booster, Décroche le son, C.R.O.U.S… Ce qui nous permet déjà de découvrir pas mal de groupes et projets locaux. On est super attentifs à l’émergence des projets régionaux, on a des oreilles partout !

On est également en lien direct avec le réseaux des musiques actuelles Octopus, ce qui nous permet d’être au courant des actus et de mettre en place des actions avec des projets, les structures etc. 

Comment se déroule une résidence ?
Tout dépend ! C’est en fonction des besoins des projets et des artistes, ça peut être un travail centré sur le live ou un exercice plus spécifique sur des morceaux. Nos résidences peuvent être techniques (son, lumière…), ou artistiques (placement scénique, attitude…). Certaines durent une semaine, c’est toujours mieux pour bosser ! Ça peut se répartir sur 2 jours en studio de répétitions, et 3 jours sur la scène, par exemple. Mais sinon ça peut juste être du studio ou du plateau, sur minimum 3 jours pour avoir du résultat. 

Donc, pas de programme pré-établi, on s’adapte aux projets !

Ce qui est cool, aussi, c’est de rencontrer et partager des moments entre la team Bajo el Mar et les équipes artistiques. On prend nos repas ensemble, on discute, on fait des retours sur le travail en résidence… C’est toujours sympa ! 

Du 7 au 11 septembre, le Phare a accueilli Oordaya. Peux-tu nous parler de ce jeune projet trap-soul ?
Alors, en fait, on a découvert Oordaya parce que Julie, une des boss de l’asso’, est jury des écoutes pour les pré-sélections Occitanie du tremplin des ïNOUïS, du Printemps de Bourges (voir encadré plus bas)

Concrètement, le projet c’est une chanteuse-danseuse, deux danseuses et un beatmaker. Oordaya est originaire de Toulouse et a grandi entre la Jordanie et le Botswana. Elle est revenue sur Toulouse depuis maintenant quelques années. Ses influences, inspirées de son histoire, sont puisées du R’n’B 2000’s américain. Il s’y mêle des sonorités trap actuelles ainsi qu’une musique à la fois délicate, puissante, pointue. Entre beats dansants et mélodies chill, c’est une voix soul et suave qui rend complètement addict… !

Elle a sortie son second EP Three en juin dernier. Et franchement, on kiffe tous sa musique au bureau (rires). Je vous conseille d’écouter « YAYO », « I got love » et « Night Chills ».

Quels sont les autres groupes accueillis dans les prochaines semaines ?
Courant septembre on accueille Devi Reed (ragga/reggae), qui vient travailler sur la scène pour préparer le set live de son dernier album, Take it OVAW.

En suivant, on sera heureux d’accueillir Melan (rap/hiphop/underground), qui lui aussi viendra préparer le live de son nouveau album, Angle Mort, sortie prévue en novembre prochain. Enfin, en octobre, nous accueillons Une Journée Bruyante. C’est un spectacle créé par Bajo el Mar avec les artistes Riot Pata Negra et Devi Reed, sur le thème de la prévention auditive. 

Malgré la complexité du contexte, est-ce que vous espérez un retour des concerts prochainement ?
Pour dire la vérité, la situation ne fait pas rêver. On est bien conscients que les concerts ; comme on les a connu avant la Covid, ne sont pas encore d’actualité. Comme de nombreux confrères, nous avons du annuler nos temps fort de l’automne : la Rebel Escape, le Week-end Hip-hop…

On est quand même heureux de maintenir une date en assis, dans le cadre du Festival Jazz sur son 31 : Sophie Alour, à l’Escale le 15 octobre prochain ! Ça fait plaisir. 

Après, on réfléchit à d’autres formes de concert. Là encore, l’outil du Phare peut-être intéressant, car on peut aussi exploiter tout l’arrière de la salle en extérieur, et l’énorme parking, etc, etc. Bon… L’hiver arrive, donc l’extérieur c’est un peu plus compliqué, mais qui a dit que les concerts en doudoune ne marcheraient pas ? (rires) 

Dans tous les cas, on essaie de s’adapter et on reste optimiste ! 

Photo : Le Phare © DR
Illustration : © La Fée Clutchette

OORDAYA : en lice pour les Inouïs

Sélectionnée sur les Inouïs, dispositif national de repérage de jeunes talents du célèbre festival Printemps de Bourges, Oordaya sera en lice pour décrocher un titre face à 36 autres artistes, ce vendredi 18 septembre.

Une prestation live qu’elle a pu mettre sur pieds lors de sa semaine de résidence au Phare. « La résidence a clairement été axée sur la préparation de cette finale » reprend Nastasia Chetritt. « Depuis janvier, on a commencé à travailler avec ce projet, qui a intégré notre catalogue d’artistes, et notamment notre nouveau dispositif La Capsule ». Soit un accompagnement sur le développement artistique qui inclue également la communication, la production et l’administration.

Initialement prévue en avril 2020, la finale à Bourges – après des auditions au Metronum en début d’année – a ainsi été décalée à la rentrée. « Nous avions construit tout un set live. La semaine de résidence de septembre a servi à se remettre dans le bain, après ces mois de pause – cimer, la Covid -, à répéter, à tout ajuster jusqu’à rendre « parfait » le set, mêlant chant et danse » complète Nastasia. Plus qu’à attendre le verdict…

POUR ALLER PLUS LOIN…
La Culture face à la Covid 19 : Jazz sur son 31 & L’Utopia et le collectif

DOSSIER COMPLET : à lire ici !