NO MUSIC NO LIFE :
retour vers les concerts

[LIVE STREAMING] American Cosmograph
Marty Went Back (rock) –
ven. 12 juin & Tom Terrien (electro)sam. 13 juin | nmnl.fr

It’s a Live ! Sous le hashtag #Retoursurscene, le projet No Music No Life organise des concerts dans des salles vides… mais captés en vidéo et retransmis en direct sur le net dans des conditions professionnelles. Une manière de retrouver l’ambiance de la musique live en toute sécurité, pendant l’épidémie de Covid19. Et un format qui met en avant la scène locale au sens large : artistes, organisateurs, associations, festivals ou lieux de diffusion. En attendant la prochaine session depuis le cinéma American Cosmograph, entretien avec Yann, chargé de production de ce collectif toulousain.

| Propos recueillis par Baptiste Ostré

La première édition de No Music No Life s’est tenue au Connexion Live, où tu as été programmateur pendant quelques années. Ça fait quoi de se retrouver dans une salle de concert que tu connais aussi bien, sans public ?
C’est sûr que c’est un peu bizarre, mais au moins c’est plus confortable pour circuler dans la salle ! (rires). Ça a surtout été une joie de se retrouver avec des artistes et des techniciens, dans un lieu dédié à la musique live. Il y a eu une forme de soulagement à renouer avec tous ces différents corps de métier, après deux mois à enchaîner les coups de téléphone et les visioconférences, à rester claquemuré chez soi… On refaisait notre travail. Même si ce n’était pas exactement comme avant, au moins ça y ressemblait !

L’idée n’est pas seulement de faire jouer des artistes sur scène si je comprends bien, mais de permettre au public de les rencontrer, virtuellement parlant…
Oui, le format est une carte blanche de 45 minutes à 1 heure et, avant le dernier morceau, il y a une coupure avec une interview du groupe. Les gens qui regardent le concert peuvent poser des questions, avec un intervenant qui les regroupe et les transmets aux artistes. Ça permet aussi de faire un point sur les actualités des groupes, s’ils ont des sorties d’albums, des événements à venir… C’est une manière de renouer avec l’actualité musicale pure, qui a un peu disparu des radars avec la crise sanitaire.

L’idée c’est de travailler en collaboration tout autant avec les artistes qu’avec les salles

La teneur d’un concert tient aussi à l’espace dans lequel il se déroule…
D’abord, il faut trouver des groupes qui ont pu se réunir, répéter, et qui ont envie de jouer dans une salle vide, ce qui peut quand même être une expérience compliquée ! Ça n’est pas la même chose que les live confinés à la maison, filmés à l’Iphone. C’était une très bonne chose évidemment, heureusement qu’il y en a eu ! On voit No Music No Life comme un complément à ces initiatives. Et les groupes peuvent repartir avec une vidéo de qualité, qu’ils pourront utiliser comme une carte de visite par la suite. L’idée c’est de travailler en collaboration avec les artistes… Et tout autant avec les salles, dont certaines accueillent d’ordinaire des groupes en résidence, ou sont en lien avec des boites de production. Donc de faire monter sur scène des projets qui sont en accord avec le lieu.

C’était bien pour commencer de faire ça, en partenariat avec le webzine musical Opus, avec Edgar Mauer et Antes & Madzes au Connexion Live, qui est déjà équipé pour le son et les lumières, ce qui offre un certain confort technique . Mais c’était bien aussi de se retrouver dans le cadre intime du Made In Café Disquaire ensuite, avec le blues-folk de Heeka au milieu de tous ces vinyles !

Au final, cette captation en direct ne permet-elle pas également d’élargir le public d’un concert : plus de problème de taille de salle ou de limite de jauge ?
C’est sûr que c’est un avantage, d’autant qu’il suffit de cliquer pour accéder au concert, il n’y a pas de droit d’entrée – même si on réfléchit aujourd’hui à un système de don, ou un accès au merchandising des groupes. On se demandait si ça allait suivre, on ne savait vraiment pas si le public allait être au rendez-vous. Mais sur les premières éditions, on a du avoir quelque chose comme 10 000 vues cumulées !

Que deviendra le projet lorsque les concerts reprendront « comme avant » ?
Si ça ne repart pas tout de suite avec des pleines jauges, on pourra peut-être envisager de continuer. Mais c’est un projet à vocation éphémère. Toute l’équipe est motivée bénévolement, ça repose vraiment sur de la bonne volonté et de la disponibilité. Alors qu’une telle captation en multi-caméra c’est une machinerie très lourde, et les réalités économiques sont là aussi. Et puis, une fois que l’activité concert reprendra, il faudra aussi que les gens sortent, retournent dans les salles, pas qu’ils restent devant un écran !

En attendant, la prochaine édition aura donc lieu à l’American Cosmograph ?
On est très enthousiastes, le courant est vraiment bien passé avec l’équipe de l’American Cosmograph pour monter ces deux concerts. Il y aura Marty Went Back le 12 juin, puis Tom Terrien le 13. Tant qu’à être dans un cinéma, on va profiter du bel écran qu’on aura à notre disposition pour également faire intervenir un Vj. Ça va permettre aussi de mettre un avant un lieu qui a véritablement une âme, juste avant la réouverture officielle des cinémas (le 22 juin ndlr). Une manière de dire : « ils vous ont manqué ? Revenez-y ! ».

Photos (de haut en bas) : Edgar Mauer – Connexion Live © Remy Sirieix (Opus Musiques) | Heeka – Made In Café Disquaire © Remy Sirieix (Opus Musiques)